Mmela Comtesse de SĂGUR (SEGUR), nĂ©e Rostopchine. EditĂ© par LIBRAIRIE HACHETTE, PARIS, 1920. Vendeur : AHA BOOKS, SAINT-PASTOUS, France. Contacter le vendeur. Evaluation du vendeur : Ancien ou d'occasion - Couverture rigide. Etat : Etat d'usage. EUR 5,49 -15 %. EUR 4,67.
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LesĂ©ditions MARQUES prĂ©sentent " MĂ©moires dâun Ăąne ", de la Comtesse de SĂ©gur, Ă©ditĂ© en texte intĂ©gral. RĂ©sumĂ©: DĂ©laissant pour une fois les hĂ©ros enfantins qu'elle a su nous rendre familiers, la Comtesse de SĂ©gur, dans ce petit livre divertissant, se fait la mĂ©morialiste du brave Cadichon. Elle nous y enseigne avec infiniment
MĂ©moiresd'un Ăąne - - Comtesse De SĂ©gur - L'Ăąne Cadichon a eu une vie mouvementĂ©e. MalmenĂ© par une fermiĂšre qui le charge trop lourdement pour le conduire au marchĂ©, il s'enfuit. AprĂšs avoir sauvĂ© d'un incendie une petite fille malade, il est recueilli dans un chĂąteau oĂč il devient le compagnon de jeu des enfants.
SophieRostopchine, comtesse de Ségur (selon l'onomastique russe Sofia Fiodorovna Rostoptchina, cyrillique, née le 1er août 1799 (le 19 juillet du calendrier julien alors en vigueur en Russie) à Saint-Pétersbourg, morte le 9 février 1874 à Paris, est une femme de lettres française d'origine russe.Elle est issue d'une grande famille noble dont
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LaComtesse de Ségur 03 NED - Les Vacances - HJBB.ROSE VERTE - ISBN: 9782016286753 et tous les livres scolaires en livraison 1 jour ouvré avec Amazon Premium La Comtesse de Ségur 03 NED - Les Vacances - Ségur (née Rostopchine), Comtesse Sophie de, Motin, Margaux - Livres
Comtessede SĂ©gur, MĂ©moire dâun Ăąne NRP CollĂšge n°659 La comtesse de SĂ©gur prĂȘte sa plume Ă lâĂąne Cadichon qui raconte ses aventures. Lâanimal devient alors un vĂ©ritable personnage, hĂ©ros dâune multitude dâanecdotes. Et câest Ă travers son regard lucide que le lecteur du XXI e siĂšcle dĂ©couvre les mĆurs de la bourgeoisie du XIX e. Ressources
SophieRostopchine, comtesse de Ségur, est née le 19 juillet 1799 à Saint-Pétersbourg et est morte le 9 février 1874 à Paris. C'est une femme de lettres françaises d'origine russe.AprÚs une enfance dans son domaine de Voronovo, Sophie Rostopchine, fille du comte Rostopchine, ministre du Tsar Paul 1er et gouverneur de Moscou, se voit dans
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WLCEk0. 28 rĂ©sultats Passer aux rĂ©sultats principaux de la recherche EditĂ© par LIBRAIRIE HACHETTE, PARIS, 1920 Livre Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat Etat d'usage QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Rigide dĂ©corĂ©e. Etat Etat d'usage. IllustrĂ© de 58 vignettes par H. Castelli illustrateur. ReliĂ© toile rouge, tachĂ©e et dĂ©fraichie, dĂ©cors dorĂ©s. Tranche haute dorĂ©e. Dos coiffes flĂ©tries, auteur, et titre dorĂ©s. Plats dĂ©fraichis. IntĂ©rieur frais, papier lĂ©gĂšrement jauni sur les bords. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat VG+ QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Hardcover. Etat VG+. Etat de la jaquette No Dustwrapper. Castelli H illustrateur. New Edition. 378 dark green in French. Ancien ou d'occasion - Couverture souple Etat Fair QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Soft cover. Etat Fair. COCARD Emmanuel illustrateur. Une histoire de la Comtesse de SĂ©gur racontĂ©e par Mme C. Bouchet. Collection "Tobby" l'Ă©lĂ©phant. Couverture souple agrafĂ©e, illustrĂ©e, tĂąchĂ©e et cornĂ©e. Sans date, circa 1940. IntĂ©rieur quelques dĂ©chirures en les images en ligne. Le prix tient compte de l'Ă©tat. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat Satisfaisant QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Couverture rigide. Etat Satisfaisant. OUVRAGE ILLUSTRE DE 75 VIGNETTES PAR H. CASTELLI NOUVELLE EDITION. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat Good QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Etat Good. This is an ex-library book and may have the usual library/used-book markings book has hardback covers. In good all round condition. No dust jacket. 8vo. Green cloth binding. Gilt lettering on backstrip. Patterned end papers. Some foxing on edges but otherwise clean. Please note the Image in this listing is a stock photo and may not match the covers of the actual item,500grams, ISBN Etat BE. Paris, toile rouge; in 16, 316 pp. IllustrĂ©e de 58 vignettes par H. Castelli. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat Good QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Hardcover. Etat Good. Illustrated with 75 vignettes by H. Castelli. Published by Hachette et Cie 1912. Nouvelle edition. No dustwrapper. Corners bumped. Pages discoloured. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat bon QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Couverture rigide. Etat bon. RO80083920 1876. In-12. Cartonnage d'Ă©diteurs. A relier, Couv. dĂ©fraĂźchie, Dos abĂźmĂ©, Rousseurs. 378 pages. Nombreuses illustrations en noir et blanc, dans le texte et en hors-texte. Manques sur le dos, plats dĂ©tachĂ©s. Quelques dĂ©chirures, pages 141 / 142. Pages 373 / 374, restaurĂ©es. . . . Classification Dewey d'enfants. Vol. in -16 12 x 18 cm., legatura editoriale telata rossa con fregi e scritte incise in oro sul piatto e al dorso, pp. 316 con num. illustrazioni di H. Castelli nel testo e a Buone condizioni. Serie BIBLIOTHEQUE ROSE ILLUSTREE. Livre in -16, Cartonnage d'Ă diteurs rouge, decorations dorĂ es sur les plats, pag. 316 avec des illustrations de H, Castelli. Bon Ă tat. SECOLO XX prima metĂ. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat m. Wurmspuren QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Hardcover. Etat m. Wurmspuren. Nouvelle Edition. Kl. 8Âș. 378/14 Ss. IllustrĂ©s de 75 vignettes par Hoace Castelli. Etat MOLTO BUONO. IllustrĂ©s de 58 vignettes par H. Castelli. pp.4,316, 58 incis. xilogr. nt., Coll. BibliothĂšque Rose IllustrĂ©e. NOTAInterni lievemente bruniti. / Paris, Librairie Hachette pp.4,316, 58 incis. xilogr. nt., leg. ed. in percallina rossa, piatto ant. con titoli e impress. in oro, titoli in oro al dorso. Coll. BibliothĂšque Rose IllustrĂ©e. leg. ed. in percallina rossa, piatto ant. con titoli e impress. in oro, titoli in oro al dorso. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat Very Good QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Hardcover. Etat Very Good. Nouvelle edition. 380p, illus. Half-calf, the leather worn and abraded. Foxing to prelims. Lovely illustrations. Bookplate to front pastedown Joseph Whitwell Pease / Hutton Hall. Name to front endpaper Helen Wynne Finch / 1903. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat Fair QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Decorative Cloth. Etat Fair. No Jacket. Par H. Castelli illustrateur. Nouvelle. Red cover with gilt lettering and design shows heavy overall wear with some fraying. Previous owner name and date of 1906 fep. All edges gilt. Pages tanning but tight. Size 12mo - over 6Ÿ" - 7Ÿ" tall. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat bon QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Couverture rigide. Etat bon. R320121074 non datĂ©. In-12. ReliĂ©. Etat d'usage, Couv. lĂ©gĂšrement passĂ©e, Dos satisfaisant, IntĂ©rieur acceptable. 378 pages - nombreuses vignettes en noir et blanc dans et hors texte dont une en frontispice - page de titre absente - tranches dorĂ©es - corps de l'ouvrage partiellement dĂ©solidarisĂ© des plats - coins frottĂ©s. . . . Classification Dewey Ăšme siĂšcle. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat bon QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Couverture rigide. Etat bon. R260261523 1879. In-12. ReliĂ©. Bon Ă©tat, Couv. convenable, Dos satisfaisant, IntĂ©rieur frais. 380 pages augmentĂ©es de quelques dessins en noir et blanc dans et hors texte. Auteur et titre dorĂ©s sur piĂšce de titre. . . . Classification Dewey Ăšme siĂšcle. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat Good QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Hardcover. Etat Good. No Jacket. Nouvelle Edition, Hardback, no d/j. Red illustrated boards with gilt decoration have lightly bumped spine and corners, light fading to spine, o/w good. All outside page edges are gilt. Illustres De 75 Vignettes par Horace Castelli. Text in French. Paperback. Etat Brand New. Castelli, H. illustrateur. 188 pages. French language. inches. This item is printed on demand. 2. Paris, Librairie Hachette, 1874, petit in-8°, 17,5 x 11,5 cm, reliure percaline rouge de l'Ă©diteur, dĂ©cor dorĂ© sur le plat supĂ©rieur, tranches dorĂ©es. Quelques rousseurs Ă l'intĂ©rieur, reliure avec traces d'usure mais encore exemplaire convenable. PubliĂ© dans la sĂ©rie; ''BibliothĂšque Rose''.§. Boards. 8vo, original cloth boards decorated in gilt, b&w illus, pp 378, 16. Rubbed to edges, good condn. Novel in French, by Sophie, Countess of SĂ©gur nĂ©e Countess Sofiya Feodorovna Rostopchina; 1799 - 1874. Ejemplar moteado. Guarda rasgada en punta, lo cual no afecta en absoluto. EncuadernaciĂłn de Ă©poca con rozaduras Media piel con tĂtulos en lomo. // GASTOS DE Correos España Postlibris Hasta 2 Kg y entrega a domicilio. No certificado // Si desea CERTIFICADO Mandar mensaje o incluir en observaciones Precio 7,50 Hasta 1 Kg . Entrega a domicilio. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat bon QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Couverture rigide. Etat bon. R200103120 Non datĂ©. In-12. ReliĂ©. Etat d'usage, Plats abĂźmĂ©s, Dos abĂźmĂ©, Papier jauni. 378 pages augmentĂ©es de quelques illustrations en noir et blanc,dans le texte. Quelques rousseurs. 2 Ă©tiquette collĂ©e au dos. . . . Classification Dewey Ăšme siĂšcle. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat VG+; This book written in Fren QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Hardcover. Etat VG+; This book written in Fren. H Castelli illustrated illustrateur. sm hardcover, 380, red boards with gilt decoration and lettering; gilt all edges; very slight edgewear corners. Französischsprachig ouvrage illustrĂ© de 58 vignettes par H. Castelli - 40. Auflage, OHLwd. m. GoldprĂ€gung, 316 S. - Reihe BibliothĂšque rose illustrĂ©e. Einband minimal fleckig/-leinen der EinbandrĂŒckseite etwas gewellt, Seiten papierbedingt gebrĂ€unt, sonst sehr gut erhalten. Sprache FR. hardbound. Illustrated illustrateur. Early edition. Text in french. VG with red cloth covers gold gilt. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat Bon QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Hardcover. Etat Bon. Couverture diffĂ©rente. Edition 1965. Ammareal reverse jusqu'Ă 15% du prix net de ce livre Ă des organisations caritatives. ENGLISH DESCRIPTION Book Condition Used, Good. Different cover. Edition 1965. Ammareal gives back up to 15% of this book's net price to charity organizations. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat bon QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Couverture rigide. Etat bon. R160112017 1861. In-12. ReliĂ© demi-cuir. Etat d'usage, Couv. dĂ©fraĂźchie, Dos abĂźmĂ©, IntĂ©rieur frais. 380 pages. 75 vignettes dans et hors texte pas Horace Castelli. Manque de surface en coins de la couverture. Bords frottĂ©s. . . . Classification Dewey 0-GENERALITES. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat Very Good QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Hardcover. Etat Very Good. Six volume set; pink cloth boards with gilt. Text in French. Books are in very good condition, showing a fade to spines faint toning to spine of 'La Fortune de Gaspard' as well, modest cocks to a few books in set, light wear to corners and edges, light rubbing to surfaces, faint aging and smudges to end papers, light wear to edges, light scratches to text block; otherwise in great shape with sturdy binding and unmarked pages. A handsome set!. TrĂšs bon exemplaire. collection BibliothĂšque Rose. Paris Librairie de L. Hachette et Cie. Rue Pierre-Sarrazin N°19. 1861. In-12. 3ff.dont 1 blanc. 380pp. numĂ©rotĂ©es 2-380 les images sont contenues dans la pagination. 1861. Demi chagrin vert plat supĂ©rieur comportant un fer de collĂšge "Institution Olivier" Ă Ganges. C'est pour le Nouvel an de 1860 que l'Ă©diteur Hachette avait publiĂ© les MĂ©moires d'un Ane quatriĂšme roman de la Comtesse et son succĂšs fit dire que " Cadichon entra dans la gloire au grand galop ". Veuillot qui avait dĂ©clarĂ© "j'ai passĂ© un jour Ă lire 'Les MĂ©moires d'un Ăąne Savez-vous que c'est trĂšs joli " ajoute " VoilĂ donc maman SĂ©gur en train de mettre une gloire toute nouvelle sur ce vieux nom politique et littĂ©raire. Elle enfoncera joliment le grand-papa ou la grand'mĂšre qui a Ă©crit tant d'histoires. Ses livres auront une bien autre durĂ©e et une bien autre popularitĂ© " Veuillot citĂ© par Paul Acker in Revue de Paris 1er avril 1908].Cette Ă©dition porte la date de 1861 sans mention d'Ă©dition et comporte en tĂȘte l'adresse de Cadichon Ă son petit MaĂźtre Henri il s'agĂźt du fils cadet d'Anatole alors ĂągĂ© de 4 du succĂšs immĂ©diat de l'ouvrage cet ex-praemio inscrit sur le feuillet blanc de tĂȘte datĂ© de 1862 rĂ©compensant pour un premier prix de calligraphie l'impĂ©trant EugĂšne CarriĂšre Ă©lĂšve de Ganges commune du Languedoc-Roussillon. Le fer dorĂ© frappĂ© au centre du premier plat est constituĂ© d'une couronne de lauriers surmontĂ© d'une mappemonde le tout servant de mĂ©daillon au nom de l'institution. Bon Ă©tat.
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1 Ma chĂšre maman, in Le Grand Album Comtesse de SĂ©gur, p. 72. Lâun des intĂ©rĂȘts suscitĂ©s par lâĆuvre de la comtesse tient dans cette situation Ă mi-chemin entre le rĂ©cit bref, la saynĂšte, illustrĂ©e par les berquinades, et une forme romanesque qui reprend et organise diffĂ©remment la mĂȘme matiĂšre. Cette matiĂšre que la comtesse aurait tout simplement puisĂ©e dans ses souvenirs. Mgr Gaston de SĂ©gur Ă©crivait dans Ma MĂšre Les Malheurs de Sophie, vrai petit chef-dâĆuvre, nâĂ©taient guĂšre que le rĂ©cit des petites aventures de ma pauvre mĂšre, dans ses premiĂšres annĂ©es. Cette habitude dâĂ©crire toujours ainsi dâaprĂšs nature donne Ă tous les livres de ma mĂšre un naturel, un charme spĂ©cial. » Olga de Pitray, quant Ă elle, sâapproprie en quelque sorte lâorigine dâun certain nombre de malheurs », entreprenant de raconter sa propre enfance dans un ouvrage consacrĂ© Ă sa mĂšre, Ma chĂšre maman Comme cet accident, la tortue, puis lâĂ©cureuil, furent dans le livre de ma mĂšre Les Malheurs de Sophie, des rĂ©miniscences de ma jeunesse1. » 1 Elle faisait une dĂ©couverte dâun prix inestimable, la dĂ©couverte de lâenfant rĂ©el », Ă©crivait Jean Calvet de la comtesse. En fait, celle-ci pouvait reprendre Ă Berquin, non seulement la peinture dâune famille aristocratique aux champs, mais un rĂ©cit dialoguĂ©, aux commencements abrupts prenant quelquefois des airs de rĂ©sumĂ©, sans compter les mĂ©saventures vĂ©cues par de jeunes personnages. Dans Les Enfants qui veulent se gouverner eux-mĂȘmes, de Berquin, Julie et Casimir manquent de se noyer, et dans Le Serin, JosĂ©phine, se lassant de lâoiseau quâelle chĂ©rissait, le laisse mourir de faim ; Le Petit joueur de violon, qui oppose un vrai » fils, Charles, Ă un fils adoptif, Saint-Firmin, annonce la trame de AprĂšs la pluie le beau temps. Mais le rĂ©cit chez Berquin reste une fable Ă lâĂ©tat dâĂ©bauche, sans rebondissements et ne retenant que le strict nĂ©cessaire pour conduire Ă la moralitĂ©. 2 Carl-Gustav Nieritz est un maĂźtre dâĂ©cole qui a connu le succĂšs avec de nombreux rĂ©cits ra ... 2Il nâen reste pas moins un modĂšle, suggĂ©rant que nature et naĂŻvetĂ© rĂ©sultent dâune posture mentale patiemment construite par une littĂ©rature en gestation. La comtesse de SĂ©gur est trĂšs au fait de ce qui sâĂ©crit dans son domaine, nâhĂ©sitant pas Ă conseiller son Ă©diteur pour tel ou tel titre Ă publier, Ă republier ou Ă traduire, Le Livre de la jeunesse dâEugĂ©nie Foa, et surtout les Contes de lâallemand Nieritz, sur lesquels elle revient maintes fois, dĂ©sirant pousser une jeune traductrice dans le besoin, et quâelle compare Ă ceux du chanoine Schmid2. Elle commande pour son propre compte et pour celui de sa famille les romans de Mayne Reid traduits par Henriette Loraux dans la BibliothĂšque rose », les Ćuvres dâEdmond About, dâAlexandre Dumas, elle Ă©voque Dickens qui est un auteur essentiel chez Hachette, ou Nid de nobles de Tourgueniev... En 1861, pour son petit-fils Jacques de Pitray elle envoie Pierre lâĂ©bouriffĂ©, une traduction du fameux Struwwelpeter du Dr Heinrich Hoffmann, connu aussi sous le titre de Crasse-Tignasse. 3La drĂŽle cruautĂ© de cet ouvrage sĂ©duit depuis 1845 des gĂ©nĂ©rations dâenfants. Câest Pauline qui joue imprudemment avec des allumettes et dont il ne reste Que des cendres en petits tas », tandis que lâhomme aux ciseaux » nâhĂ©site pas Ă mutiler la main du jeune Conrad qui se suce le pouce. Certes, la forme rimĂ©e, lâexagĂ©ration mĂȘme du propos, tempĂšrent beaucoup de sa fĂ©rocitĂ©, mais il reste quâon ose toucher Ă la sainte image de lâenfance et quâon lui Ă©pargne le pardon systĂ©matique. Câest Louis Ratisbonne qui avait Ă©ditĂ© Ă compte dâauteur, sous le nom de Trim, sa propre traduction, reprise en 1861 et 1862 par Hachette dans la sĂ©rie des DĂ©fauts horribles, histoires Ă©bouriffantes et morales pour les petits enfants de 3 Ă 6 ans, dits Albums Trim », au texte et Ă lâillustration assez vifs, dans la ligne de ce premier ouvrage on y trouve lâHistoire comique et terrible de Loustic lâEspiĂšgle Eulenspiegel ou Jean Bourreau, bourreau des bĂȘtes, citĂ© par la comtesse de SĂ©gur. 3 En 1998, le catalogue de la librairie Godon Ă Lille proposait les 16 volumes in 8 du LycĂ©e ... 4 Voir la liste dans Les Rostopchine p. 53-54, de Marthe de HĂ©douville, retranscrite avec ... 4Dans Les Petites filles modĂšles, elle Ă©voque Le Robinson suisse et les Contes de Grimm. Tout cela reste allusif et le critique rĂȘve dâen savoir plus sur lâensemble des lectures, sans doute considĂ©rable3. On peut cependant avoir un aperçu des bibliothĂšques dâenfants en consultant le catalogue des livres appartenant Ă Olga, Lydie et Victor Rostopchine, les neveux de la comtesse, qui bĂ©nĂ©ficient dâune Ă©ducation de qualitĂ©. Ce catalogue, dressĂ© par les enfants eux-mĂȘmes, compte 42 ouvrages, parmi lesquels Le Magasin des Enfants, les Contes de Perrault, 15 volumes du Journal des Enfans, plusieurs livres de Mme Guizot, et de nombreux titres dâEugĂ©nie Foa4. 5Certaines rĂ©fĂ©rences se font plus prĂ©cises, comme dans les MĂ©moires dâun Ăąne, quand Henriette regrette que Cadichon ne puisse parler, car il raconterait beaucoup dâhistoires ; Ă Elisabeth qui a lu les MĂ©moires dâune poupĂ©e, Madeleine rĂ©torque Ne crois donc pas de pareilles bĂȘtises, ma pauvre Elisabeth ; câest une dame qui a Ă©crit ces MĂ©moires dâune poupĂ©e, et, pour rendre le livre plus amusant, elle a fait semblant dâĂȘtre la poupĂ©e et dâĂ©crire comme si elle Ă©tait la poupĂ©e [...] Comment veux-tu quâune poupĂ©e qui nâest pas vivante, qui est faite en bois, en peau et remplie de son, puisse rĂ©flĂ©chir, voir, entendre, Ă©crire. » 6La poupĂ©e, qui ne servait chez FĂ©nelon quâĂ animer une sorte de catĂ©chĂšse, devient ici le prĂ©texte dâun dĂ©bat qui porte sur les maniĂšres de raconter, et qui permet Ă la littĂ©rature enfantine de se cĂ©lĂ©brer elle-mĂȘme. Car la comtesse de SĂ©gur rend ici hommage Ă Julie Gouraud, auteur de ces MĂ©moires dâune poupĂ©e, un des grands succĂšs de cette librairie spĂ©ciale, et qui figure dans le catalogue des enfants Rostopchine. DâoĂč lâimportance dâun texte Ă©tabli avec prĂ©cision dans certaines Ă©ditions, les mĂ©moires dâune poupĂ©e » apparaissent comme un groupe de mots et non comme un titre, ce qui gomme lâeffet voulu par la comtesse. Dâailleurs, poursuivant le jeu, Julie Gouraud rĂ©pondra Ă son tour dans lâintroduction de ses MĂ©moires dâun caniche ... je ne suis pas plus bĂȘte quâun autre, et je ne vois pas pourquoi je nâĂ©crirais pas ma petite histoire, Ă lâexemple des poupĂ©es, des petits garçons, voire des Ăąnes. Tous ces auteurs ont donnĂ© le nom pompeux de mĂ©moires Ă leurs rĂ©cits. Pourquoi ne les imiterais-je pas ? 7Ces quelques lignes illustrent Ă©galement la position de Julie Gouraud Ă lâĂ©gard de la comtesse de SĂ©gur ; position ambiguĂ« dâallĂ©geance et de distanciation. En effet cet auteur 1810-1891, nĂ©e et Ă©levĂ©e Ă Tours, avait commencĂ© sa carriĂšre bien avant la comtesse, fondant dĂšs 1832 le Journal des jeunes personnes et publiant en 1839, chez Ebrard, les MĂ©moires dâune poupĂ©e, sous la signature de Louise dâAulnay. Mais câest dans la BibliothĂšque Rose » quâelle fait Ă©diter ces MĂ©moires dâun caniche, en 1866, rejoignant un Ă©diteur et une collection oĂč elle figurera au tout premier rang. Les MĂ©moires dâun caniche connaĂźtront onze rééditions jusquâen 1913. Leur dĂ©but affiche en quelque sorte sa dĂ©pendance au modĂšle sĂ©gurien, tant on croirait revivre le dĂ©but des Vacances OĂč est-il ? Voici la voiture, on ouvre la grille, Paul, Henriette, Louis, venez, venez donc ! Le voici ! le voici ! Les enfants accouraient tout en sâappelant, les bonnes cherchaient en vain Ă rĂ©tablir lâordre interrompu par lâarrivĂ©e dâune berline Ă quatre chevaux qui sâavançait au milieu de la grande cour du chĂąteau. 8Mais ce caniche remarquez la proximitĂ© du mot Ă la fois avec Ăąne » et avec Cadichon », nâa plus rien du caractĂšre effrontĂ© de son modĂšle, puisquâil se dĂ©fend dâĂȘtre savant, de savoir-faire une partie de dominos ou dâadditionner la dĂ©pense dâun collĂ©gien au retour dâune promenade gĂ©nĂ©rale, tout en se flattant de sa bonne rĂ©putation », de sa fidĂ©litĂ©, de son obĂ©issance, voire mĂȘme de son absence dâambition, bien quâon lui ait donnĂ©, en quelque sorte par antithĂšse, le nom guerrier de CĂ©sar. 5 Lettres 15 et 19, Lettres Ă son Ă©diteur. 6 Laura Kreyder, Les IncivilitĂ©s puĂ©riles dâun Ăąne », LâOrne de la comtesse de SĂ©gur, Fict ... 9Dans sa correspondance, la comtesse cite Ă plusieurs reprises un autre ouvrage puĂ©ril, Douze Histoires pour enfants de quatre Ă huit ans, parues en 1858, et qui semblent reprĂ©senter pour elle une sorte de rĂ©fĂ©rence. Elle en rĂ©clame des exemplaires Ă son Ă©diteur et souhaite que Les Malheurs de Sophie, qui sont des histoires dâenfants trĂšs jeunes », soient imprimĂ©s avec les caractĂšres de cet ouvrage, quâelle cite encore pour comparer sa pagination avec celle des MĂ©moires dâun Ăąne5. On y trouve en effet bien des traits sĂ©guriens, Ă©crit Laura Kreyder une poupĂ©e nommĂ©e Madelon est oubliĂ©e sous lâorage toute une nuit ; une petite fille perdue, Ă la question âComment sâappelle ta maman ?â, rĂ©pond âmamanâ ; un caniche savant, rachetĂ© au cirque, menacĂ© dâabandon Ă cause de son dĂ©faut de propretĂ©, rĂ©ussit Ă se rĂ©habiliter en faisant capturer des cambrioleurs6. » 10Cependant, Les Petites filles modĂšles sont dĂ©jĂ Ă©crites Ă ce moment, et lâantĂ©rioritĂ© semble devoir ĂȘtre trouvĂ©e dans un autre petit ouvrage, Ă©galement anonyme et paru chez Mame en 1854, VeillĂ©es instructives et amusantes, par Mme de ***. La matiĂšre des saynĂštes est celle des Petites filles modĂšles, des Malheurs de Sophie ou de La SĆur de Gribouille. Ce qui passe pour le vĂ©cu » dâune famille particuliĂšre est donc un bien commun, dont on ne sait sâil doit Ă des emprunts et Ă des influences ou Ă un air du temps ». Ces VeillĂ©es sont au nombre de huit Le Bon cuisinier », La Partie dâĂąne », Grisette », Le Petit chat », La Fuite du jardin », Le Petit homme », Le Petit lapin », La Petite maison ». Dans la premiĂšre, les enfants veulent prĂ©parer eux-mĂȘmes leur goĂ»ter. Câest un rĂ©cit vif, commençant par un dialogue 11â Qui est-ce qui sera le cuisinier ? Qui est-ce qui sera le cuisinier ? 12â Câest moi, câest moi, cria une petite fille. 13â Non, je vous dis que câest moi, rĂ©pondit un petit garçon. 14â Je vous lâai demandĂ© hier, dit la petite Marie. 15On assiste aux maladresses des enfants Louis casse les assiettes, Marie sâinonde de lâeau dâun pot plus grand quâelle. Quant Ă Louis, le cuisinier en chef », le voici en action pendant quâil a rĂ©ussi Ă Ă©loigner les autres A ces mots il sâassit tranquillement, puis, savez-vous ce quâil a fait ? Il prend la tablette de chocolat et la rĂąpe avec soin dans sa bonne terrine de lait ; quand il lâeut bien mĂȘlĂ©e, il y mit du sucre, remua bien le tout, et ensuite, prenant sa terrine Ă deux mains, le voilĂ buvant tout Ă lâaise son excellente crĂšme, jusquâĂ ce que la terrine fĂ»t vide, et quâil nâen restĂąt pas une goutte. 16Les cerises, les pommes, les macarons ayant connu le mĂȘme sort, il entreprend de tout remplacer par des compositions de sa façon Alors avec de lâeau, de la terre, il fit un beau gĂąchis, quâil divisa par petits pĂątĂ©s et quâil mit un instant sĂ©cher au soleil, et ensuite il les posa avec soin sur un beau plat blanc. CâĂ©tait superbe. âCombien ils vont se rĂ©galer ! Je suis bien sĂ»r quâil nâen restera pas un seulâ, dit-il avec malice. âEt les compotes que jâoubliais, reprit-il. Ah ! cette fois je ne sais trop comment faire... Bah ! que je suis sot ! Il faut faire comme pour les cerises.â Courir Ă un pommier, en cueillir du fruit bien sur et bien vert, fut pour Louis lâaffaire dâun moment ; les couper en morceaux fut fait encore plus vite. Il couvrit le tout dâune eau sale qui ressemblait Ă un jus un peu Ă©pais. âAh ! pour le coup, on se ferait fouetter pour manger de cette compoteâ, dit-il. 17Une mĂȘme inspiration saisit Sophie lorsque, ayant reçu un joli mĂ©nage pour son anniversaire, elle prĂ©pare le thĂ© pour ses petites amies âA prĂ©sent, dit-elle, je vais faire du thĂ©.â Elle prit la thĂ©iĂšre, alla dans le jardin, cueillit quelques feuilles de trĂšfle, quâelle mit dans la thĂ©iĂšre ; ensuite, elle alla prendre de lâeau dans lâassiette oĂč on en mettait pour le chien de sa maman ; elle versa lâeau dans la thĂ©iĂšre. âLĂ ! voilĂ le thĂ©, dit-elle dâun air enchantĂ© ; Ă prĂ©sent, je vais faire la crĂšme.â Elle alla prendre un morceau de blanc qui servait pour nettoyer lâargenterie ; elle en racla un peu avec son petit couteau, le versa dans le pot Ă crĂšme quâelle remplit de lâeau du chien, mĂȘla bien avec une petite cuiller, et, quand lâeau fut bien blanche, elle replaça le pot sur la table... 18Quant Ă Gribouille, rĂ©incarnation masculine et prolĂ©taire de Sophie, lorsquâon lui demande de prĂ©parer un bon dessert, il sâen va dans le jardin chercher de la mousse Gribouille rĂ©flĂ©chit un instant... Jây suis ! sâĂ©cria-t-il. La mousse bien arrangĂ©e dans le compotier Gribouille arrange la mousse, je prends ma compote, je la vide sur la mousse... Gribouille fait Ă mesure quâil dit. Je range proprement les abricots sur la mousse... Jâai les doigts tout poissĂ©s ! Cette mousse a bu tout le jus... Les prunes maintenant... LĂ ... câest fait... DrĂŽle de compote tout de mĂȘme !... Tiens ! des fourmis qui Ă©taient dans la mousse et qui se sont noyĂ©es dans le jus ! Oh ! comme elles se dĂ©battent ! Je les aiderais bien Ă se sauver ; mais jâai peur quâelles ne me piquent les doigts... 19Les chapitres de lâHistoire de ma vie consacrĂ©s Ă la petite enfance constituent eux aussi un rĂ©pertoire de saynĂštes propres Ă ĂȘtre rĂ©utilisĂ©es, revivifiĂ©es Ă chaque fois dans un nouveau rĂ©cit. On y trouve mĂȘme une recette de pĂątĂ©s Ă la crotte », digne de Sophie ou de Gribouille et enseignĂ©e Ă la petite Aurore par son demi-frĂšre Hippolyte Nous prenions du sable fin ou du terreau, que nous trempions dans lâeau et que nous dressions, aprĂšs lâavoir bien pĂ©tri sur de grandes ardoises en lui donnant la forme de gĂąteaux. Ensuite, il portait tout cela furtivement dans le four et comme il Ă©tait fort taquin dĂ©jĂ , il se rĂ©jouissait de la colĂšre des servantes qui, en venant retirer le pain et les galettes, juraient et jetaient dehors nos Ă©tranges ragoĂ»ts cuits Ă point. 20Etrange projet en vĂ©ritĂ© que de raconter une histoire de sa vie qui ressemble Ă celles de tous les autres, ou que de conter aux enfants leurs propres aventures. Etrange projet renforcĂ© par le souci du dĂ©tail tournant lui-mĂȘme souvent au grotesque les inventions de Sophie ou de Gribouille, les facĂ©ties de Cadichon, sont pleines de rusticitĂ©. Si bien que lâintention Ă©difiante, â sauf lorsquâelle touche Ă un vĂ©ritable cas de saintetĂ© comme dans Pauvre Blaise â, se trouve couverte par la matĂ©rialitĂ© de lâanecdote. Dans les VeillĂ©es instructives et amusantes de Mme de***, il y a bien des moralitĂ©s Aussi, je puis vous lâassurer, Henri fut guĂ©ri pour toujours de sa gourmandise. On dit que bien longtemps aprĂšs il ne pouvait voir une galette sans penser Ă sa malheureuse aventure et sans ĂȘtre triste. » Mais le souvenir qui demeure, câest celui de la petite fille qui a perdu son Ă©trier et qui est menĂ©e Ă son plus grand trot par un Ăąne entĂȘtĂ© ; câest toujours dans la mĂȘme histoire, celui du gros Henri qui a dĂ©robĂ© et cachĂ© dans ses poches les provisions du pique-nique Deux ruisseaux sâĂ©chappant du pantalon dâHenri laissaient derriĂšre lui deux traces dâeau qui auraient pu le faire suivre Ă la piste. Mais bientĂŽt, en sâapprochant du malheureux enfant, on vit bien autre chose. Son pantalon Ă©tait absolument traversĂ© par une eau rose et Ă©paisse qui lui donnait une fort singuliĂšre physionomie ; puis, en arrivant tout prĂšs du fugitif, on vit que ce pantalon nâĂ©tait pas seulement mouillĂ©, mais quâil formait par-derriĂšre une espĂšce de sac, et quâil Ă©tait rempli dâune bouillie Ă©paisse, qui ressemblait Ă quelque chose de fort peu propre ; et Ă mesure quâHenri fuyait, cette espĂšce de sac, ballot tant Ă droite et Ă gauche, donnait au malheureux Henri la plus grotesque figure. 21Et lâauteur de sâattarder complaisamment sur les vĂȘtements tachĂ©s du gros Henri qui, ne sâĂ©tant pas contentĂ© de cacher une partie du dĂ©jeuner et en ayant beaucoup mangĂ© pendant la route, sent bientĂŽt venir le mal de cĆur et la colique. On sait que la comtesse nâhĂ©sitera pas Ă aborder ce type de sujet et que dans Les Vacances on raconte une aventure du MarĂ©chal de SĂ©gur intitulĂ©e Les Revenants », qui doit sa cĂ©lĂ©britĂ© aux douleurs dâentrailles » du personnage. âComment reconnaĂźtrai-je ma dalle ? dit le marĂ©chal ; je ne puis lâouvrir maintenant, puisque deux heures sont sonnĂ©es. Si jâavais emportĂ© ma tabatiĂšre ou quelque objet pour le poser dessus.â Pendant quâil rĂ©flĂ©chissait, il ressentit de cruelles douleurs dâentrailles, rĂ©sultat du saisissement causĂ© par la visite du chevalier. Le marĂ©chal se prit Ă rire âCâest mon bon ange, dit-il, qui mâenvoie le moyen de dĂ©poser un souvenir sur cette dalle prĂ©cieuse.â 22Le marĂ©chal dĂ©couvre quâil a rĂȘvĂ© son aventure FantĂŽme, trĂ©sor, tout Ă©tait un rĂȘve, exceptĂ© le souvenir quâil avait cru laisser sur la dalle et que ses draps avaient reçu... » Les VeillĂ©es cultivent ce grotesque qui sera la marque sĂ©gurienne par excellence, reprĂ©sentĂ©e de la maniĂšre la plus efficace par les chutes dans la mare, manifestations dâune vĂ©ritable hantise, mais aussi figures dâune transgression Ă lâĂ©chelle de lâenfant car on ne sort de la mare que tout Ă fait sali. La troisiĂšme veillĂ©e, Grisette », se termine donc sur la chute dâun garçon brutal avec son Ăąne, chute dans une eau Ă©paisse qui rend lâaccident sans gravitĂ© et comique Ce fut alors que les rires redoublĂšrent, et rien ne peut donner lâidĂ©e de la figure Ă©trange quâavait Paul. Une boue Ă©paisse le couvrait depuis les pieds jusquâĂ la tĂȘte ; une eau sale tombait goutte Ă goutte de ses cheveux, coulait le long de sa figure et y laissait de larges traces noires... » 23Les MĂ©moires dâun Ăąne dĂ©velopperont Ă lâenvi ce quâon peut appeler une esthĂ©tique naturaliste », en prenant le mot dans son sens restreint, vulgaire pour ainsi dire, et renvoyant au sale ». EsthĂ©tique Ă©tonnante si lâon pense que la littĂ©rature naturaliste est prĂ©sentĂ©e de maniĂšre rĂ©pulsive par les mĂȘmes milieux qui portent » lâĆuvre sĂ©gurienne En revenant par la ferme, nous longions un trou ou plutĂŽt un fossĂ© dans lequel venait aboutir le conduit qui recevait les eaux grasses et sales de la cuisine ; on y jetait toutes sortes dâimmondices, qui, pourrissant dans lâeau de vaisselle, formaient une boue noire et puante. Jâavais laissĂ© passer Pierre et Henri devant ; arrivĂ© prĂšs de ce fossĂ©, je fis un bond vers le bord et une ruade qui lança Auguste au beau milieu de la bourbe. Je restai tranquillement Ă le voir patauger dans cette boue noire et infecte qui lâaveuglait. 24Quel est donc le modĂšle dâ instruction » dispensĂ© par les VeillĂ©es de Mme de***, et prolongĂ© par la comtesse de SĂ©gur ? Dans La Fuite du jardin », la petite Louise a son espace pour jouer. Elle ratisse, elle arrose ses fleurs. Il en fut ainsi pendant une heure ; puis ensuite, de temps en temps, Louise releva la tĂȘte pour regarder dans la campagne, car, pour, elle, sortir du parc, courir les champs toute seule, câĂ©tait lĂ le vĂ©ritable bonheur. » LâĂ©pisode qui va suivre, nous le connaissons pour lâavoir lu dans Les Petites filles modĂšles. Louise sâen va sur la route, espĂ©rant rejoindre une petite fille qui passait ; elle se perd, est recueillie pour la nuit par un cantonnier et sa famille, chez lesquels elle fait lâexpĂ©rience de la pauvretĂ©, du pain noir et dur, du matelas de paille. De la mĂȘme maniĂšre, leur rencontre avec le boucher Hurel sera pour Sophie et Marguerite une entrĂ©e dans le monde des humbles. 25 Jamais, depuis ce jour, Louise ne fut dĂ©sobĂ©issante », conclut Mme de ***. Mais dans la veillĂ©e suivante, câest Henri qui oublie de donner Ă manger Ă son lapin, et dans la huitiĂšme veillĂ©e, La Petite maison », les heureux propriĂ©taires dâune jolie petite cabane ont beaucoup de difficultĂ© Ă vivre en harmonie. Les malheurs » recommencent donc toujours, et lâon nâen a jamais fini de raconter, de revenir sur des bĂȘtises dont le schĂ©ma rĂ©pĂ©titif ne semble pas lasser. La dĂźnette, la promenade Ă dos dâĂąne, les animaux mal soignĂ©s, la cabane, tous ces motifs sont donc dĂ©jĂ traitĂ©s avant la comtesse, comme ils le seront aprĂšs elle, et dâabord par sa propre fille. Les VeillĂ©es dĂ©veloppent de maniĂšre trĂšs dĂ©taillĂ©e lâinstallation dans cette cabane, composĂ©e de deux chambres et trĂšs bien Ă©quipĂ©e mobilier, vaisselle en suffisance ; un jardin cultivĂ©. Câest Boucle dâOr dĂ©couvrant la maison des trois ours. Les gestes de la vie quotidienne, faire son lit, laver la vaisselle, blanchir le linge ou tirer de lâeau, deviennent des jeux. 26Motifs de lâenfance heureuse apprenant la vie par le simulacre, le jeu, qui reproduisent Ă une Ă©chelle rĂ©duite les Ă©vĂ©nements de lâexistence adulte. Ce quâindique, de maniĂšre programmatique, le dĂ©but des Petites filles modĂšles, nous montrant deux accidents, dâabord celui de Mme de Rosbourg dont la voiture verse dans un fossĂ©, puis celui de la petite diligence de Camille et Madeleine. Tous les voyageurs qui Ă©taient dedans se trouvĂšrent culbutĂ©s les uns sur les autres, une glace de la portiĂšre Ă©tait cassĂ©e... » Mais si les voyageurs ont mal Ă la tĂȘte, comme maman ? » demande Marguerite. 27Aussi, pourrait-on sâĂ©tonner dâune postĂ©ritĂ© qui a retenu les Malheurs de Sophie plus que ces VeillĂ©es, plus mĂȘme que les berquinades, lesquelles, aprĂšs un succĂšs si prolongĂ©, ne sont plus guĂšre lues que par les historiens de la littĂ©rature enfantine. Mais chez tous ces auteurs, la table des matiĂšres est Ă©loquente, se rĂ©duisant Ă une liste de prĂ©noms qui se renouvellent sans cesse, chaque enfant Ă©tant substituable Ă un autre, et les mĂšres, Mme de Clairvalle, Mme de Praival, Mme de Limerac, ou les pĂšres, M. de RĂ©ville, M. de Clermont, se montrant, dans les VeillĂ©es, dâune inaltĂ©rable Ă©galitĂ© dâhumeur excluant en fin de compte lâaffectivitĂ©. Chaque veillĂ©e forme un tout, aucune progression psychologique ne mĂšne de lâune Ă lâautre, et les parents ne conservent quâun rĂŽle fonctionnel et mĂ©canique, jamais remis en cause. NâĂ©tant sujets ni Ă lâerreur ni Ă la faiblesse, ils dispensent une Ă©ducation harmonieuse, dont les Ă©lĂ©ments semblent sâadditionner, bien quâelle soit toujours Ă recommencer. Chaque erreur, chaque bĂȘtise, prĂ©sente une sorte de nĂ©cessitĂ© la dĂ©convenue, la punition, mĂ©ritĂ©es et acceptĂ©es, sont toujours efficaces et conduisent Ă des rĂ©solutions dĂ©finitives qui ont pour effet de faire sortir du champ de la fiction le personnage devenu inintĂ©ressant. 28Or, tout lecteur saisit vite quâil nâen va pas ainsi chez la comtesse de SĂ©gur, mĂȘme dans les premiĂšres compositions qui gardent lâapparence dâune suite de saynĂštes non seulement, Sophie est lâunique auteur et victime des Malheurs, mais ceux-ci ne se conçoivent pas sans Mme de RĂ©an, qui nâest pas une mĂšre parmi dâautres et dont on sait par ailleurs quâelle est condamnĂ©e Ă mourir. Nâa-t-on pas lu Les Petites Filles modĂšles, oĂč Mme Fichini a pris sa place ? La comtesse de SĂ©gur adopte une procĂ©dure vĂ©ritablement balzacienne, rapportĂ©e au caractĂšre minuscule de lâintrigue, en reliant entre elles des anecdotes qui jusquâalors nâĂ©taient que juxtaposĂ©es dans ce type de littĂ©rature. ProcĂ©dure miniaturisĂ©e, puisquâelle sâeffectue Ă la taille dâun livre et non dâune Ćuvre, mĂȘme sâil arrive Ă plusieurs titres de composer la matiĂšre dâun sous-ensemble. On a pu parler dâun cycle Fleurville », composĂ© des Malheurs de Sophie, des Petites filles modĂšles et des Vacances, cycle prolongĂ© par les MĂ©moires dâun Ăąne et par Les Bons enfants, oĂč rĂ©apparaissent Camille, Madeleine et Sophie, celle-ci prĂ©sentant dans Les Bons enfants le mĂȘme visage espiĂšgle, mais en toute sĂ©rĂ©nitĂ©. Les Bons enfants, qui commencent de façon dĂ©cousue, par une multitude de personnages, vont dâailleurs se construire au fil des pages, sous la forme dâun DĂ©camĂ©ron des enfants ayant pour sujet lâacte mĂȘme de narrer. Par ailleurs, la fin du livre nous fait dĂ©couvrir Simplicie et Innocent, les futurs hĂ©ros des Deux nigauds, dont est dĂ©jĂ annoncĂ©e lâaventure parisienne, et qui retrouveront Sophie et Marguerite chez Mme du Roubier. 29Mais la force du texte ne tient pas seulement dans ce qui pourrait nâĂȘtre quâun liant ». Construisant des personnages plus achevĂ©s, la comtesse les place dans des situations complexes oĂč le souci Ă©ducatif, toujours prĂ©sent, laisse une place Ă un registre plus intime. Car cette matiĂšre convenue, banale et triviale, elle la reprend sans cesse pour revenir sur un face-Ă -face de lâenfant et de sa mĂšre, de lâenfant et du monde, qui peut perdre de son caractĂšre lisse et harmonieux. Face-Ă -face que la critique nâa pas toujours bien perçu, voyant dans Sophie une coupable chĂątiĂ©e par un texte qui, cependant, met en cause la mĂšre, Mme de RĂ©an. Câest pourquoi Les Malheurs de Sophie ne sont jamais vraiment terminĂ©s et se trouvent redoublĂ©s, avec François le bossu, qui devait sâappeler La Mauvaise mĂšre, ou avec AprĂšs la pluie le beau temps, qui substitue un mauvais oncle Ă cette mauvaise mĂšre. La figure mĂȘme de Gribouille en est elle-mĂȘme transformĂ©e, puisque ses bĂȘtises, loin de simplement sâaccumuler comme dans la tradition reprise par Stahl, finissent Ă©galement par faire sens. De Sophie Ă Gribouille, lâinspiration Ă©volue, sâattachant Ă une figure du peuple, qui nâest plus martyrisĂ©e par une mĂšre mais par la sociĂ©tĂ©. Figure qui dit la vĂ©ritĂ© dans sa simplicitĂ©, et qui de ce fait est condamnĂ©e. Juste mais impuissante, la parole de Gribouille montre jusquâoĂč le cheminement de lâĂ©crivain conduit Ă transformer Ă la fois une matiĂšre anecdotique et un scĂ©nario personnel. Avec Mme Delmis, câest Ă une figure dĂ©gradĂ©e de la mĂšre quâil sâaffronte. Femme autoritaire, rĂ©gentant son domaine comme une autre femme au perroquet, la propre mĂšre de la comtesse que nous aurons Ă Ă©voquer plus loin. 30Au contraire, Les Petites filles modĂšles, titre si suspect et si suspectĂ©, sont bien autre chose quâune suite dâexemples vertueux. Car les bonnes mĂšres nâenseignent quelque chose que par contraste avec les mauvaises, et, surtout, lâamour qui lie Camille et Madeleine prĂ©sente une intensitĂ© particuliĂšre dĂ©passant le cadre mĂȘme de lâexemple, lequel, pour ĂȘtre efficace, se devrait de rester dans un moyen terme. Câest autour de ce noyau vraiment amoureux que va se constituer une mini-sociĂ©tĂ© initialement composĂ©e de femmes et de filles. Marguerite de Rosbourg, puis Sophie Fichini, dâabord toute chiffonnĂ©e comme lâindique son nom dâemprunt, sont aspirĂ©es par ce modĂšle et ne dĂ©sirent quâĂȘtre aimĂ©es et sâaimer de pareille maniĂšre. 31Quand lâune est privĂ©e de plat sucrĂ©, lâautre nây touche pas, et la compagnie les retrouve Ă©troitement embrassĂ©es, se consolant lâune lâautre. A tel point que Mme de Fleurville organise dans leur chambre une collation improvisĂ©e, oĂč chacune Ă©prouve un bonheur dâautant plus grand quâil succĂšde Ă une punition. On pourrait sans doute lire cette scĂšne en y observant quelque soupçon de perversitĂ©. Ce qui fait prĂ©cisĂ©ment la particularitĂ© du texte sĂ©gurien, câest quâil autorise aussi cette interprĂ©tation, Ă condition de bien voir que toute pratique Ă©ducative est menacĂ©e, que tout ce qui prĂ©tend au bien de lâenfant peut naĂźtre de pulsions sans rapport avec lâefficacitĂ© Ă©ducative. Et que le renversement ici effectuĂ© touche Ă lâimage des parents, notamment de la mĂšre. Il ne sâagit pas seulement de montrer des enfants tels quâils sont, câest-Ă -dire turbulents, hardis, vivants et imparfaits Ă la fois, mais dâĂ©valuer aussi le comportement de cette mĂšre, de ces Ă©ducateurs tout aussi imparfaits par nature. 32Plus profondĂ©ment encore, la simplicitĂ© et la trivialitĂ© des anecdotes vont de pair avec des significations complexes, multiples, voire indĂ©chiffrables. Le modĂšle de la fable se trouve subverti dans des scĂšnes qui ne se contentent pas de condamner un pĂ©chĂ© ou un dĂ©faut. Le chapitre XVIII des Petites filles modĂšles, Le Rouge-gorge », est de ceux qui peuvent nous abandonner le plus Ă notre perplexitĂ©. Sophie y a trouvĂ© un oiseau jetĂ© hors de son nid par sa mĂšre, situation qui semble appeler le commentaire ne peut-on y voir une allĂ©gorie de la mauvaise mĂšre ? Ce rouge-gorge, offert par Sophie Ă Madeleine, reçoit les soins si empressĂ©s du quatuor des petites filles quâil manque dâen mourir pour littĂ©ralement ressusciter il devient insĂ©parable de sa petite maĂźtresse quâil tourmente mĂȘme de son affection presque agressive. Comme il nâest pas enfermĂ© dans sa cage, il la rĂ©veille de bon matin, si bien quâelle se fatigue et risque de tomber malade. On lui demande donc de fermer la cage de Mimi, qui se met en fureur, dĂ©vaste lâintĂ©rieur de sa prison » et donne mĂȘme deux grands coups de bec dans la joue de Madeleine quand on le libĂšre. Il fait une ordure » dans la main de la petite fille, est Ă nouveau enfermĂ© et se sauve quand on rouvre sa porte On ouvrit les fenĂȘtres. Quand Mimi aperçut les arbres et le ciel, il nây tint pas ; il sâĂ©lança joyeux hors de sa cage et vola sur un des sapins les plus Ă©levĂ©s du jardin. Les enfants allĂšrent se promener de leur cĂŽtĂ©, laissant Mimi au bonheur de la libertĂ© et Ă lâamertume du repentir. 33Mimi ne reparaĂźt pas, toute la maison le cherche jusquâĂ ce quâon retrouve un petit amas de plumes, et Ă cĂŽtĂ© la tĂȘte. Les petites filles creusent une fosse dans leur petit jardin, y descendent les restes de lâoiseau enveloppĂ©s de chiffons et de rubans, enfermĂ©s dans une petite boĂźte, Ă©lĂšvent un petit temple et lui rĂ©digent une Ă©pitaphe. Tous ces Ă©vĂ©nements, accompagnĂ©s de multiples raisonnements et commentaires, composent une sorte de petit roman dans le roman, concentrant plusieurs motifs traitĂ©s dans dâautres chapitres. Ainsi Sophie Ă©tablit-elle un parallĂšle entre la colĂšre de lâoiseau et la sienne lorsquâelle fut enfermĂ©e dans le cabinet de pĂ©nitence. Elle espĂšre quâil se repentira comme elle, mais un peu plus loin, demande Ă Madeleine Comment veux-tu quâun pauvre oiseau demande pardon ? » Sans lâintervention dâune instance morale, les petites filles sont donc tentĂ©es de considĂ©rer lâoiseau comme un ĂȘtre humain, tout en prenant conscience de la diffĂ©rence. Camille, qui rĂ©dige lâĂ©pitaphe, parle de sa grĂące et de sa gentillesse qui firent le bonheur de sa maĂźtresse, jusquâau jour oĂč il pĂ©rit victime dâun moment dâhumeur ». Victime, et non coupable, Mimi illustre certes les dangers de lâemportement, mais en mĂȘme temps il apparaĂźt comme un prisonnier appelĂ© par les arbres et le ciel. Selon quâil insiste sur telle ou telle donnĂ©e du rĂ©cit, le lecteur pourra donc construire une interprĂ©tation qui ne rendra pas compte dâun exceptionnel foisonnement de pistes que penser de Madeleine qui dĂ©pĂ©rit dâĂȘtre trop aimĂ©e par son rouge-gorge ? La situation offre des Ă©bauches de sens quâune glose excessive risque de rendre caricaturaux. Mimi meurt de sâĂȘtre enfui, ses restes suscitent des cris de terreur, mais donnent lâoccasion dâun jeu particuliĂšrement prisĂ©, jouer Ă lâenterrement, avec toutes les activitĂ©s qui sây rapportent, creuser la terre, orner la dĂ©pouille de chiffons, jeter des fleurs, maçonner un petit temple, rĂ©diger un ex-voto... 34Un autre chapitre du livre, Sophie veut exercer la charitĂ© », peut paraĂźtre plus simple, puisque Sophie et Marguerite, sorties du parc comme la petite Louise des VeillĂ©es instructives et amusantes, se perdent et semblent courir de terribles dangers, du moins selon les mĂšres, qui voient des loups et des sangliers lĂ oĂč les petites filles nâont entrevu que des frĂŽlements. Certes, une leçon de prudence est ici donnĂ©e, Ă un jeune lecteur ou une jeune lectrice qui retiendra peut-ĂȘtre davantage le gain dâune amitiĂ©, celle du boucher Hurel, brave homme permettant Ă Fleurville de sâinitier Ă un autre monde. Ce mĂȘme Hurel dĂ©dramatise lâhistoire, sâadressant non sans esprit aux mioches » qui crient au secours Mais oĂč diantre ĂȘtes-vous ? Pour vous sauver, faut-il pas que je vous trouve ? » Il va cueillir » le numĂ©ro 1 » puis le numĂ©ro 2 », et lorsque tout Fleurville, en grand Ă©quipage, vient le remercier, il rit Ah bah ! Tout cela est terrible pour de belles petites demoiselles comme vous ; mais pour des gens comme nous ! on nây fait seulement pas attention... » 7 Lettres de la comtesse de SĂ©gur, lettre du 14 aoĂ»t 1859. 35Le texte offre la possibilitĂ©, sinon de contredire, du moins de relativiser les angoisses des mamans ainsi que la leçon morale quâelles prĂ©tendent tirer de cette mĂ©saventure. Dâailleurs, le drame vĂ©ritable, câest Hurel qui le vivra plus tard en pĂ©rissant bĂȘtement, par un accident imprĂ©vu. Enfin, une lettre de la comtesse vient nuancer plus encore la morale de cette histoire Mme R. est aprĂšs les enfans comme une tique, ne les laissant ni courir ni jouer, parce quâelles sont trop grandes ; leur dĂ©fendant dâentrer dans le bois de bouleaux, parce quâelles pourraient se perdre. » Sa fille Olga, annotant cette derniĂšre phrase, Ă©crit Ce qui est aussi difficile que dans un square Ă Paris. »7 36Cette sagesse dans la vie pourrait ne pas se reporter dans lâĆuvre, qui se donne un autre public ; elle nous interdit cependant de trop spĂ©culer sur la peur du monde. Dâailleurs, le chapitre trouve un Ă©trange argument, bien Ă©loignĂ© des VeillĂ©es instructives et amusantes. En effet, si Sophie pousse Marguerite Ă sortir de lâenclos, câest sans doute pour Ă©prouver un sentiment de libertĂ©, mais plus encore pour exercer Ă sa façon la charitĂ©. ImpressionnĂ©e par lâaventure de Françoise et de Lucie, elle a senti le bonheur de faire le bien, mais voudrait lâexercer toute seule pour en tirer tout le mĂ©rite. On lui a parlĂ© de la mĂšre Toutain, qui couche dans un four, sur de la fougĂšre, de lâautre cĂŽtĂ© de la forĂȘt, et câest le prĂ©texte de cette escapade secrĂšte quâelle justifie Ă Marguerite par un souci de discrĂ©tion parce que jâai entendu dire lâautre jour Ă ta maman quâil ne faut pas sâenorgueillir du bien quâon fait, et quâil faut se cacher pour ne pas en recevoir des Ă©loges. » 37On voit comment lâauteur complique un motif originellement des plus simplistes, en suggĂ©rant un pittoresque de la misĂšre, â de lâordre dâun certain rĂ©alisme Ă la Champfleury â, mais surtout en y entremĂȘlant une question spirituelle, une mise en garde adressĂ©e Ă lâesprit simple et charitable, qui se complaĂźt dans sa simplicitĂ©. Mise en garde dirigĂ©e vers la comtesse elle-mĂȘme, vers ses lecteurs, vers le critique, qui fait dâun Ă©pisode un texte Ă©toilĂ©, tenant divers propos en mĂȘme temps, sans toujours les mener jusquâĂ leur terme, puisque nous ne saurons rien de cette mĂšre Toutain.
ane heros de la comtesse de segur