Mmela Comtesse de SÉGUR (SEGUR), nĂ©e Rostopchine. EditĂ© par LIBRAIRIE HACHETTE, PARIS, 1920. Vendeur : AHA BOOKS, SAINT-PASTOUS, France. Contacter le vendeur. Evaluation du vendeur : Ancien ou d'occasion - Couverture rigide. Etat : Etat d'usage. EUR 5,49 -15 %. EUR 4,67. LaderniĂšre fonctionnalitĂ© de Codycross est que vous pouvez rĂ©ellement synchroniser votre jeu et y jouer Ă  partir d'un autre appareil. Connectez-vous simplement avec Facebook et suivez les instructions qui vous sont donnĂ©es par les dĂ©veloppeurs. Cette page contient des rĂ©ponses Ă  un puzzle Âne, hĂ©ros de la comtesse de SĂ©gur. LesĂ©ditions MARQUES prĂ©sentent " MĂ©moires d’un Ăąne ", de la Comtesse de SĂ©gur, Ă©ditĂ© en texte intĂ©gral. RĂ©sumĂ©: DĂ©laissant pour une fois les hĂ©ros enfantins qu'elle a su nous rendre familiers, la Comtesse de SĂ©gur, dans ce petit livre divertissant, se fait la mĂ©morialiste du brave Cadichon. Elle nous y enseigne avec infiniment MĂ©moiresd'un Ăąne - - Comtesse De SĂ©gur - L'Ăąne Cadichon a eu une vie mouvementĂ©e. MalmenĂ© par une fermiĂšre qui le charge trop lourdement pour le conduire au marchĂ©, il s'enfuit. AprĂšs avoir sauvĂ© d'un incendie une petite fille malade, il est recueilli dans un chĂąteau oĂč il devient le compagnon de jeu des enfants. SophieRostopchine, comtesse de SĂ©gur (selon l'onomastique russe Sofia Fiodorovna Rostoptchina, cyrillique, nĂ©e le 1er aoĂ»t 1799 (le 19 juillet du calendrier julien alors en vigueur en Russie) Ă  Saint-PĂ©tersbourg, morte le 9 fĂ©vrier 1874 Ă  Paris, est une femme de lettres française d'origine russe.Elle est issue d'une grande famille noble dont TĂ©lĂ©chargerle livre Nouveaux contes de fĂ©es pour les petits enfants de Comtesse De Segur en Ebook au format ePub sur Vivlio et LaComtesse de SĂ©gur 03 NED - Les Vacances - HJBB.ROSE VERTE - ISBN: 9782016286753 et tous les livres scolaires en livraison 1 jour ouvrĂ© avec Amazon Premium La Comtesse de SĂ©gur 03 NED - Les Vacances - SĂ©gur (nĂ©e Rostopchine), Comtesse Sophie de, Motin, Margaux - Livres Comtessede SĂ©gur, MĂ©moire d’un Ăąne NRP CollĂšge n°659 La comtesse de SĂ©gur prĂȘte sa plume Ă  l’ñne Cadichon qui raconte ses aventures. L’animal devient alors un vĂ©ritable personnage, hĂ©ros d’une multitude d’anecdotes. Et c’est Ă  travers son regard lucide que le lecteur du XXI e siĂšcle dĂ©couvre les mƓurs de la bourgeoisie du XIX e. Ressources SophieRostopchine, comtesse de SĂ©gur, est nĂ©e le 19 juillet 1799 Ă  Saint-PĂ©tersbourg et est morte le 9 fĂ©vrier 1874 Ă  Paris. C'est une femme de lettres françaises d'origine russe.AprĂšs une enfance dans son domaine de Voronovo, Sophie Rostopchine, fille du comte Rostopchine, ministre du Tsar Paul 1er et gouverneur de Moscou, se voit dans ÂneHĂ©ros De La Comtesse De SĂ©gur Solution. RĂ©ponses mises Ă  jour et vĂ©rifiĂ©es pour le niveau CodyCross Egypte Antique Groupe 181. Solution. Âne hĂ©ros de la comtesse de SĂ©gur Solution . C A D I C H O N. Nombre De SalariĂ©s Dans Une Entreprise. Craie D'art De Couleur Rouge Terre . CodyCross Egypte Antique Groupe 181 . Toutes les rĂ©ponses Ă  CodyCross WLCEk0. 28 rĂ©sultats Passer aux rĂ©sultats principaux de la recherche EditĂ© par LIBRAIRIE HACHETTE, PARIS, 1920 Livre Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat Etat d'usage QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Rigide dĂ©corĂ©e. Etat Etat d'usage. IllustrĂ© de 58 vignettes par H. Castelli illustrateur. ReliĂ© toile rouge, tachĂ©e et dĂ©fraichie, dĂ©cors dorĂ©s. Tranche haute dorĂ©e. Dos coiffes flĂ©tries, auteur, et titre dorĂ©s. Plats dĂ©fraichis. IntĂ©rieur frais, papier lĂ©gĂšrement jauni sur les bords. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat VG+ QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Hardcover. Etat VG+. Etat de la jaquette No Dustwrapper. Castelli H illustrateur. New Edition. 378 dark green in French. Ancien ou d'occasion - Couverture souple Etat Fair QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Soft cover. Etat Fair. COCARD Emmanuel illustrateur. Une histoire de la Comtesse de SĂ©gur racontĂ©e par Mme C. Bouchet. Collection "Tobby" l'Ă©lĂ©phant. Couverture souple agrafĂ©e, illustrĂ©e, tĂąchĂ©e et cornĂ©e. Sans date, circa 1940. IntĂ©rieur quelques dĂ©chirures en les images en ligne. Le prix tient compte de l'Ă©tat. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat Satisfaisant QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Couverture rigide. Etat Satisfaisant. OUVRAGE ILLUSTRE DE 75 VIGNETTES PAR H. CASTELLI NOUVELLE EDITION. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat Good QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Etat Good. This is an ex-library book and may have the usual library/used-book markings book has hardback covers. In good all round condition. No dust jacket. 8vo. Green cloth binding. Gilt lettering on backstrip. Patterned end papers. Some foxing on edges but otherwise clean. Please note the Image in this listing is a stock photo and may not match the covers of the actual item,500grams, ISBN Etat BE. Paris, toile rouge; in 16, 316 pp. IllustrĂ©e de 58 vignettes par H. Castelli. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat Good QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Hardcover. Etat Good. Illustrated with 75 vignettes by H. Castelli. Published by Hachette et Cie 1912. Nouvelle edition. No dustwrapper. Corners bumped. Pages discoloured. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat bon QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Couverture rigide. Etat bon. RO80083920 1876. In-12. Cartonnage d'Ă©diteurs. A relier, Couv. dĂ©fraĂźchie, Dos abĂźmĂ©, Rousseurs. 378 pages. Nombreuses illustrations en noir et blanc, dans le texte et en hors-texte. Manques sur le dos, plats dĂ©tachĂ©s. Quelques dĂ©chirures, pages 141 / 142. Pages 373 / 374, restaurĂ©es. . . . Classification Dewey d'enfants. Vol. in -16 12 x 18 cm., legatura editoriale telata rossa con fregi e scritte incise in oro sul piatto e al dorso, pp. 316 con num. illustrazioni di H. Castelli nel testo e a Buone condizioni. Serie BIBLIOTHEQUE ROSE ILLUSTREE. Livre in -16, Cartonnage d'à diteurs rouge, decorations dorà es sur les plats, pag. 316 avec des illustrations de H, Castelli. Bon à tat. SECOLO XX prima metÃ. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat m. Wurmspuren QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Hardcover. Etat m. Wurmspuren. Nouvelle Edition. Kl. 8Âș. 378/14 Ss. IllustrĂ©s de 75 vignettes par Hoace Castelli. Etat MOLTO BUONO. IllustrĂ©s de 58 vignettes par H. Castelli. pp.4,316, 58 incis. xilogr. nt., Coll. BibliothĂšque Rose IllustrĂ©e. NOTAInterni lievemente bruniti. / Paris, Librairie Hachette pp.4,316, 58 incis. xilogr. nt., leg. ed. in percallina rossa, piatto ant. con titoli e impress. in oro, titoli in oro al dorso. Coll. BibliothĂšque Rose IllustrĂ©e. leg. ed. in percallina rossa, piatto ant. con titoli e impress. in oro, titoli in oro al dorso. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat Very Good QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Hardcover. Etat Very Good. Nouvelle edition. 380p, illus. Half-calf, the leather worn and abraded. Foxing to prelims. Lovely illustrations. Bookplate to front pastedown Joseph Whitwell Pease / Hutton Hall. Name to front endpaper Helen Wynne Finch / 1903. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat Fair QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Decorative Cloth. Etat Fair. No Jacket. Par H. Castelli illustrateur. Nouvelle. Red cover with gilt lettering and design shows heavy overall wear with some fraying. Previous owner name and date of 1906 fep. All edges gilt. Pages tanning but tight. Size 12mo - over 6Ÿ" - 7Ÿ" tall. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat bon QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Couverture rigide. Etat bon. R320121074 non datĂ©. In-12. ReliĂ©. Etat d'usage, Couv. lĂ©gĂšrement passĂ©e, Dos satisfaisant, IntĂ©rieur acceptable. 378 pages - nombreuses vignettes en noir et blanc dans et hors texte dont une en frontispice - page de titre absente - tranches dorĂ©es - corps de l'ouvrage partiellement dĂ©solidarisĂ© des plats - coins frottĂ©s. . . . Classification Dewey Ăšme siĂšcle. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat bon QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Couverture rigide. Etat bon. R260261523 1879. In-12. ReliĂ©. Bon Ă©tat, Couv. convenable, Dos satisfaisant, IntĂ©rieur frais. 380 pages augmentĂ©es de quelques dessins en noir et blanc dans et hors texte. Auteur et titre dorĂ©s sur piĂšce de titre. . . . Classification Dewey Ăšme siĂšcle. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat Good QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Hardcover. Etat Good. No Jacket. Nouvelle Edition, Hardback, no d/j. Red illustrated boards with gilt decoration have lightly bumped spine and corners, light fading to spine, o/w good. All outside page edges are gilt. Illustres De 75 Vignettes par Horace Castelli. Text in French. Paperback. Etat Brand New. Castelli, H. illustrateur. 188 pages. French language. inches. This item is printed on demand. 2. Paris, Librairie Hachette, 1874, petit in-8°, 17,5 x 11,5 cm, reliure percaline rouge de l'Ă©diteur, dĂ©cor dorĂ© sur le plat supĂ©rieur, tranches dorĂ©es. Quelques rousseurs Ă  l'intĂ©rieur, reliure avec traces d'usure mais encore exemplaire convenable. PubliĂ© dans la sĂ©rie; ''BibliothĂšque Rose''.§. Boards. 8vo, original cloth boards decorated in gilt, b&w illus, pp 378, 16. Rubbed to edges, good condn. Novel in French, by Sophie, Countess of SĂ©gur nĂ©e Countess Sofiya Feodorovna Rostopchina; 1799 - 1874. Ejemplar moteado. Guarda rasgada en punta, lo cual no afecta en absoluto. EncuadernaciĂłn de Ă©poca con rozaduras Media piel con tĂ­tulos en lomo. // GASTOS DE Correos España Postlibris Hasta 2 Kg y entrega a domicilio. No certificado // Si desea CERTIFICADO Mandar mensaje o incluir en observaciones Precio 7,50 Hasta 1 Kg . Entrega a domicilio. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat bon QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Couverture rigide. Etat bon. R200103120 Non datĂ©. In-12. ReliĂ©. Etat d'usage, Plats abĂźmĂ©s, Dos abĂźmĂ©, Papier jauni. 378 pages augmentĂ©es de quelques illustrations en noir et blanc,dans le texte. Quelques rousseurs. 2 Ă©tiquette collĂ©e au dos. . . . Classification Dewey Ăšme siĂšcle. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat VG+; This book written in Fren QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Hardcover. Etat VG+; This book written in Fren. H Castelli illustrated illustrateur. sm hardcover, 380, red boards with gilt decoration and lettering; gilt all edges; very slight edgewear corners. Französischsprachig ouvrage illustrĂ© de 58 vignettes par H. Castelli - 40. Auflage, OHLwd. m. GoldprĂ€gung, 316 S. - Reihe BibliothĂšque rose illustrĂ©e. Einband minimal fleckig/-leinen der EinbandrĂŒckseite etwas gewellt, Seiten papierbedingt gebrĂ€unt, sonst sehr gut erhalten. Sprache FR. hardbound. Illustrated illustrateur. Early edition. Text in french. VG with red cloth covers gold gilt. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat Bon QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Hardcover. Etat Bon. Couverture diffĂ©rente. Edition 1965. Ammareal reverse jusqu'Ă  15% du prix net de ce livre Ă  des organisations caritatives. ENGLISH DESCRIPTION Book Condition Used, Good. Different cover. Edition 1965. Ammareal gives back up to 15% of this book's net price to charity organizations. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat bon QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Couverture rigide. Etat bon. R160112017 1861. In-12. ReliĂ© demi-cuir. Etat d'usage, Couv. dĂ©fraĂźchie, Dos abĂźmĂ©, IntĂ©rieur frais. 380 pages. 75 vignettes dans et hors texte pas Horace Castelli. Manque de surface en coins de la couverture. Bords frottĂ©s. . . . Classification Dewey 0-GENERALITES. Ancien ou d'occasion - Couverture rigide Etat Very Good QuantitĂ© disponible 1 Ajouter au panier Hardcover. Etat Very Good. Six volume set; pink cloth boards with gilt. Text in French. Books are in very good condition, showing a fade to spines faint toning to spine of 'La Fortune de Gaspard' as well, modest cocks to a few books in set, light wear to corners and edges, light rubbing to surfaces, faint aging and smudges to end papers, light wear to edges, light scratches to text block; otherwise in great shape with sturdy binding and unmarked pages. A handsome set!. TrĂšs bon exemplaire. collection BibliothĂšque Rose. Paris Librairie de L. Hachette et Cie. Rue Pierre-Sarrazin N°19. 1861. In-12. 3ff.dont 1 blanc. 380pp. numĂ©rotĂ©es 2-380 les images sont contenues dans la pagination. 1861. Demi chagrin vert plat supĂ©rieur comportant un fer de collĂšge "Institution Olivier" Ă  Ganges. C'est pour le Nouvel an de 1860 que l'Ă©diteur Hachette avait publiĂ© les MĂ©moires d'un Ane quatriĂšme roman de la Comtesse et son succĂšs fit dire que " Cadichon entra dans la gloire au grand galop ". Veuillot qui avait dĂ©clarĂ© "j'ai passĂ© un jour Ă  lire 'Les MĂ©moires d'un Ăąne Savez-vous que c'est trĂšs joli " ajoute " VoilĂ  donc maman SĂ©gur en train de mettre une gloire toute nouvelle sur ce vieux nom politique et littĂ©raire. Elle enfoncera joliment le grand-papa ou la grand'mĂšre qui a Ă©crit tant d'histoires. Ses livres auront une bien autre durĂ©e et une bien autre popularitĂ© " Veuillot citĂ© par Paul Acker in Revue de Paris 1er avril 1908].Cette Ă©dition porte la date de 1861 sans mention d'Ă©dition et comporte en tĂȘte l'adresse de Cadichon Ă  son petit MaĂźtre Henri il s'agĂźt du fils cadet d'Anatole alors ĂągĂ© de 4 du succĂšs immĂ©diat de l'ouvrage cet ex-praemio inscrit sur le feuillet blanc de tĂȘte datĂ© de 1862 rĂ©compensant pour un premier prix de calligraphie l'impĂ©trant EugĂšne CarriĂšre Ă©lĂšve de Ganges commune du Languedoc-Roussillon. Le fer dorĂ© frappĂ© au centre du premier plat est constituĂ© d'une couronne de lauriers surmontĂ© d'une mappemonde le tout servant de mĂ©daillon au nom de l'institution. Bon Ă©tat. La solution Ă  ce puzzle est constituéÚ de 8 lettres et commence par la lettre C CodyCross Solution ✅ pour LÂNE DE LA COMTESSE DE SÉGUR de mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s. 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Mgr Gaston de SĂ©gur Ă©crivait dans Ma MĂšre Les Malheurs de Sophie, vrai petit chef-d’Ɠuvre, n’étaient guĂšre que le rĂ©cit des petites aventures de ma pauvre mĂšre, dans ses premiĂšres annĂ©es. Cette habitude d’écrire toujours ainsi d’aprĂšs nature donne Ă  tous les livres de ma mĂšre un naturel, un charme spĂ©cial. » Olga de Pitray, quant Ă  elle, s’approprie en quelque sorte l’origine d’un certain nombre de malheurs », entreprenant de raconter sa propre enfance dans un ouvrage consacrĂ© Ă  sa mĂšre, Ma chĂšre maman Comme cet accident, la tortue, puis l’écureuil, furent dans le livre de ma mĂšre Les Malheurs de Sophie, des rĂ©miniscences de ma jeunesse1. » 1 Elle faisait une dĂ©couverte d’un prix inestimable, la dĂ©couverte de l’enfant rĂ©el », Ă©crivait Jean Calvet de la comtesse. En fait, celle-ci pouvait reprendre Ă  Berquin, non seulement la peinture d’une famille aristocratique aux champs, mais un rĂ©cit dialoguĂ©, aux commencements abrupts prenant quelquefois des airs de rĂ©sumĂ©, sans compter les mĂ©saventures vĂ©cues par de jeunes personnages. Dans Les Enfants qui veulent se gouverner eux-mĂȘmes, de Berquin, Julie et Casimir manquent de se noyer, et dans Le Serin, JosĂ©phine, se lassant de l’oiseau qu’elle chĂ©rissait, le laisse mourir de faim ; Le Petit joueur de violon, qui oppose un vrai » fils, Charles, Ă  un fils adoptif, Saint-Firmin, annonce la trame de AprĂšs la pluie le beau temps. Mais le rĂ©cit chez Berquin reste une fable Ă  l’état d’ébauche, sans rebondissements et ne retenant que le strict nĂ©cessaire pour conduire Ă  la moralitĂ©. 2 Carl-Gustav Nieritz est un maĂźtre d’école qui a connu le succĂšs avec de nombreux rĂ©cits ra ... 2Il n’en reste pas moins un modĂšle, suggĂ©rant que nature et naĂŻvetĂ© rĂ©sultent d’une posture mentale patiemment construite par une littĂ©rature en gestation. La comtesse de SĂ©gur est trĂšs au fait de ce qui s’écrit dans son domaine, n’hĂ©sitant pas Ă  conseiller son Ă©diteur pour tel ou tel titre Ă  publier, Ă  republier ou Ă  traduire, Le Livre de la jeunesse d’EugĂ©nie Foa, et surtout les Contes de l’allemand Nieritz, sur lesquels elle revient maintes fois, dĂ©sirant pousser une jeune traductrice dans le besoin, et qu’elle compare Ă  ceux du chanoine Schmid2. Elle commande pour son propre compte et pour celui de sa famille les romans de Mayne Reid traduits par Henriette Loraux dans la BibliothĂšque rose », les Ɠuvres d’Edmond About, d’Alexandre Dumas, elle Ă©voque Dickens qui est un auteur essentiel chez Hachette, ou Nid de nobles de Tourgueniev... En 1861, pour son petit-fils Jacques de Pitray elle envoie Pierre l’ébouriffĂ©, une traduction du fameux Struwwelpeter du Dr Heinrich Hoffmann, connu aussi sous le titre de Crasse-Tignasse. 3La drĂŽle cruautĂ© de cet ouvrage sĂ©duit depuis 1845 des gĂ©nĂ©rations d’enfants. C’est Pauline qui joue imprudemment avec des allumettes et dont il ne reste Que des cendres en petits tas », tandis que l’homme aux ciseaux » n’hĂ©site pas Ă  mutiler la main du jeune Conrad qui se suce le pouce. Certes, la forme rimĂ©e, l’exagĂ©ration mĂȘme du propos, tempĂšrent beaucoup de sa fĂ©rocitĂ©, mais il reste qu’on ose toucher Ă  la sainte image de l’enfance et qu’on lui Ă©pargne le pardon systĂ©matique. C’est Louis Ratisbonne qui avait Ă©ditĂ© Ă  compte d’auteur, sous le nom de Trim, sa propre traduction, reprise en 1861 et 1862 par Hachette dans la sĂ©rie des DĂ©fauts horribles, histoires Ă©bouriffantes et morales pour les petits enfants de 3 Ă  6 ans, dits Albums Trim », au texte et Ă  l’illustration assez vifs, dans la ligne de ce premier ouvrage on y trouve l’Histoire comique et terrible de Loustic l’EspiĂšgle Eulenspiegel ou Jean Bourreau, bourreau des bĂȘtes, citĂ© par la comtesse de SĂ©gur. 3 En 1998, le catalogue de la librairie Godon Ă  Lille proposait les 16 volumes in 8 du LycĂ©e ... 4 Voir la liste dans Les Rostopchine p. 53-54, de Marthe de HĂ©douville, retranscrite avec ... 4Dans Les Petites filles modĂšles, elle Ă©voque Le Robinson suisse et les Contes de Grimm. Tout cela reste allusif et le critique rĂȘve d’en savoir plus sur l’ensemble des lectures, sans doute considĂ©rable3. On peut cependant avoir un aperçu des bibliothĂšques d’enfants en consultant le catalogue des livres appartenant Ă  Olga, Lydie et Victor Rostopchine, les neveux de la comtesse, qui bĂ©nĂ©ficient d’une Ă©ducation de qualitĂ©. Ce catalogue, dressĂ© par les enfants eux-mĂȘmes, compte 42 ouvrages, parmi lesquels Le Magasin des Enfants, les Contes de Perrault, 15 volumes du Journal des Enfans, plusieurs livres de Mme Guizot, et de nombreux titres d’EugĂ©nie Foa4. 5Certaines rĂ©fĂ©rences se font plus prĂ©cises, comme dans les MĂ©moires d’un Ăąne, quand Henriette regrette que Cadichon ne puisse parler, car il raconterait beaucoup d’histoires ; Ă  Elisabeth qui a lu les MĂ©moires d’une poupĂ©e, Madeleine rĂ©torque Ne crois donc pas de pareilles bĂȘtises, ma pauvre Elisabeth ; c’est une dame qui a Ă©crit ces MĂ©moires d’une poupĂ©e, et, pour rendre le livre plus amusant, elle a fait semblant d’ĂȘtre la poupĂ©e et d’écrire comme si elle Ă©tait la poupĂ©e [...] Comment veux-tu qu’une poupĂ©e qui n’est pas vivante, qui est faite en bois, en peau et remplie de son, puisse rĂ©flĂ©chir, voir, entendre, Ă©crire. » 6La poupĂ©e, qui ne servait chez FĂ©nelon qu’à animer une sorte de catĂ©chĂšse, devient ici le prĂ©texte d’un dĂ©bat qui porte sur les maniĂšres de raconter, et qui permet Ă  la littĂ©rature enfantine de se cĂ©lĂ©brer elle-mĂȘme. Car la comtesse de SĂ©gur rend ici hommage Ă  Julie Gouraud, auteur de ces MĂ©moires d’une poupĂ©e, un des grands succĂšs de cette librairie spĂ©ciale, et qui figure dans le catalogue des enfants Rostopchine. D’oĂč l’importance d’un texte Ă©tabli avec prĂ©cision dans certaines Ă©ditions, les mĂ©moires d’une poupĂ©e » apparaissent comme un groupe de mots et non comme un titre, ce qui gomme l’effet voulu par la comtesse. D’ailleurs, poursuivant le jeu, Julie Gouraud rĂ©pondra Ă  son tour dans l’introduction de ses MĂ©moires d’un caniche ... je ne suis pas plus bĂȘte qu’un autre, et je ne vois pas pourquoi je n’écrirais pas ma petite histoire, Ă  l’exemple des poupĂ©es, des petits garçons, voire des Ăąnes. Tous ces auteurs ont donnĂ© le nom pompeux de mĂ©moires Ă  leurs rĂ©cits. Pourquoi ne les imiterais-je pas ? 7Ces quelques lignes illustrent Ă©galement la position de Julie Gouraud Ă  l’égard de la comtesse de SĂ©gur ; position ambiguĂ« d’allĂ©geance et de distanciation. En effet cet auteur 1810-1891, nĂ©e et Ă©levĂ©e Ă  Tours, avait commencĂ© sa carriĂšre bien avant la comtesse, fondant dĂšs 1832 le Journal des jeunes personnes et publiant en 1839, chez Ebrard, les MĂ©moires d’une poupĂ©e, sous la signature de Louise d’Aulnay. Mais c’est dans la BibliothĂšque Rose » qu’elle fait Ă©diter ces MĂ©moires d’un caniche, en 1866, rejoignant un Ă©diteur et une collection oĂč elle figurera au tout premier rang. Les MĂ©moires d’un caniche connaĂźtront onze rééditions jusqu’en 1913. Leur dĂ©but affiche en quelque sorte sa dĂ©pendance au modĂšle sĂ©gurien, tant on croirait revivre le dĂ©but des Vacances OĂč est-il ? Voici la voiture, on ouvre la grille, Paul, Henriette, Louis, venez, venez donc ! Le voici ! le voici ! Les enfants accouraient tout en s’appelant, les bonnes cherchaient en vain Ă  rĂ©tablir l’ordre interrompu par l’arrivĂ©e d’une berline Ă  quatre chevaux qui s’avançait au milieu de la grande cour du chĂąteau. 8Mais ce caniche remarquez la proximitĂ© du mot Ă  la fois avec Ăąne » et avec Cadichon », n’a plus rien du caractĂšre effrontĂ© de son modĂšle, puisqu’il se dĂ©fend d’ĂȘtre savant, de savoir-faire une partie de dominos ou d’additionner la dĂ©pense d’un collĂ©gien au retour d’une promenade gĂ©nĂ©rale, tout en se flattant de sa bonne rĂ©putation », de sa fidĂ©litĂ©, de son obĂ©issance, voire mĂȘme de son absence d’ambition, bien qu’on lui ait donnĂ©, en quelque sorte par antithĂšse, le nom guerrier de CĂ©sar. 5 Lettres 15 et 19, Lettres Ă  son Ă©diteur. 6 Laura Kreyder, Les IncivilitĂ©s puĂ©riles d’un Ăąne », L’Orne de la comtesse de SĂ©gur, Fict ... 9Dans sa correspondance, la comtesse cite Ă  plusieurs reprises un autre ouvrage puĂ©ril, Douze Histoires pour enfants de quatre Ă  huit ans, parues en 1858, et qui semblent reprĂ©senter pour elle une sorte de rĂ©fĂ©rence. Elle en rĂ©clame des exemplaires Ă  son Ă©diteur et souhaite que Les Malheurs de Sophie, qui sont des histoires d’enfants trĂšs jeunes », soient imprimĂ©s avec les caractĂšres de cet ouvrage, qu’elle cite encore pour comparer sa pagination avec celle des MĂ©moires d’un Ăąne5. On y trouve en effet bien des traits sĂ©guriens, Ă©crit Laura Kreyder une poupĂ©e nommĂ©e Madelon est oubliĂ©e sous l’orage toute une nuit ; une petite fille perdue, Ă  la question “Comment s’appelle ta maman ?”, rĂ©pond “maman” ; un caniche savant, rachetĂ© au cirque, menacĂ© d’abandon Ă  cause de son dĂ©faut de propretĂ©, rĂ©ussit Ă  se rĂ©habiliter en faisant capturer des cambrioleurs6. » 10Cependant, Les Petites filles modĂšles sont dĂ©jĂ  Ă©crites Ă  ce moment, et l’antĂ©rioritĂ© semble devoir ĂȘtre trouvĂ©e dans un autre petit ouvrage, Ă©galement anonyme et paru chez Mame en 1854, VeillĂ©es instructives et amusantes, par Mme de ***. La matiĂšre des saynĂštes est celle des Petites filles modĂšles, des Malheurs de Sophie ou de La SƓur de Gribouille. Ce qui passe pour le vĂ©cu » d’une famille particuliĂšre est donc un bien commun, dont on ne sait s’il doit Ă  des emprunts et Ă  des influences ou Ă  un air du temps ». Ces VeillĂ©es sont au nombre de huit Le Bon cuisinier », La Partie d’ñne », Grisette », Le Petit chat », La Fuite du jardin », Le Petit homme », Le Petit lapin », La Petite maison ». Dans la premiĂšre, les enfants veulent prĂ©parer eux-mĂȘmes leur goĂ»ter. C’est un rĂ©cit vif, commençant par un dialogue 11– Qui est-ce qui sera le cuisinier ? Qui est-ce qui sera le cuisinier ? 12– C’est moi, c’est moi, cria une petite fille. 13– Non, je vous dis que c’est moi, rĂ©pondit un petit garçon. 14– Je vous l’ai demandĂ© hier, dit la petite Marie. 15On assiste aux maladresses des enfants Louis casse les assiettes, Marie s’inonde de l’eau d’un pot plus grand qu’elle. Quant Ă  Louis, le cuisinier en chef », le voici en action pendant qu’il a rĂ©ussi Ă  Ă©loigner les autres A ces mots il s’assit tranquillement, puis, savez-vous ce qu’il a fait ? Il prend la tablette de chocolat et la rĂąpe avec soin dans sa bonne terrine de lait ; quand il l’eut bien mĂȘlĂ©e, il y mit du sucre, remua bien le tout, et ensuite, prenant sa terrine Ă  deux mains, le voilĂ  buvant tout Ă  l’aise son excellente crĂšme, jusqu’à ce que la terrine fĂ»t vide, et qu’il n’en restĂąt pas une goutte. 16Les cerises, les pommes, les macarons ayant connu le mĂȘme sort, il entreprend de tout remplacer par des compositions de sa façon Alors avec de l’eau, de la terre, il fit un beau gĂąchis, qu’il divisa par petits pĂątĂ©s et qu’il mit un instant sĂ©cher au soleil, et ensuite il les posa avec soin sur un beau plat blanc. C’était superbe. “Combien ils vont se rĂ©galer ! Je suis bien sĂ»r qu’il n’en restera pas un seul”, dit-il avec malice. “Et les compotes que j’oubliais, reprit-il. Ah ! cette fois je ne sais trop comment faire... Bah ! que je suis sot ! Il faut faire comme pour les cerises.” Courir Ă  un pommier, en cueillir du fruit bien sur et bien vert, fut pour Louis l’affaire d’un moment ; les couper en morceaux fut fait encore plus vite. Il couvrit le tout d’une eau sale qui ressemblait Ă  un jus un peu Ă©pais. “Ah ! pour le coup, on se ferait fouetter pour manger de cette compote”, dit-il. 17Une mĂȘme inspiration saisit Sophie lorsque, ayant reçu un joli mĂ©nage pour son anniversaire, elle prĂ©pare le thĂ© pour ses petites amies “A prĂ©sent, dit-elle, je vais faire du thĂ©.” Elle prit la thĂ©iĂšre, alla dans le jardin, cueillit quelques feuilles de trĂšfle, qu’elle mit dans la thĂ©iĂšre ; ensuite, elle alla prendre de l’eau dans l’assiette oĂč on en mettait pour le chien de sa maman ; elle versa l’eau dans la thĂ©iĂšre. “LĂ  ! voilĂ  le thĂ©, dit-elle d’un air enchantĂ© ; Ă  prĂ©sent, je vais faire la crĂšme.” Elle alla prendre un morceau de blanc qui servait pour nettoyer l’argenterie ; elle en racla un peu avec son petit couteau, le versa dans le pot Ă  crĂšme qu’elle remplit de l’eau du chien, mĂȘla bien avec une petite cuiller, et, quand l’eau fut bien blanche, elle replaça le pot sur la table... 18Quant Ă  Gribouille, rĂ©incarnation masculine et prolĂ©taire de Sophie, lorsqu’on lui demande de prĂ©parer un bon dessert, il s’en va dans le jardin chercher de la mousse Gribouille rĂ©flĂ©chit un instant... J’y suis ! s’écria-t-il. La mousse bien arrangĂ©e dans le compotier Gribouille arrange la mousse, je prends ma compote, je la vide sur la mousse... Gribouille fait Ă  mesure qu’il dit. Je range proprement les abricots sur la mousse... J’ai les doigts tout poissĂ©s ! Cette mousse a bu tout le jus... Les prunes maintenant... LĂ ... c’est fait... DrĂŽle de compote tout de mĂȘme !... Tiens ! des fourmis qui Ă©taient dans la mousse et qui se sont noyĂ©es dans le jus ! Oh ! comme elles se dĂ©battent ! Je les aiderais bien Ă  se sauver ; mais j’ai peur qu’elles ne me piquent les doigts... 19Les chapitres de l’Histoire de ma vie consacrĂ©s Ă  la petite enfance constituent eux aussi un rĂ©pertoire de saynĂštes propres Ă  ĂȘtre rĂ©utilisĂ©es, revivifiĂ©es Ă  chaque fois dans un nouveau rĂ©cit. On y trouve mĂȘme une recette de pĂątĂ©s Ă  la crotte », digne de Sophie ou de Gribouille et enseignĂ©e Ă  la petite Aurore par son demi-frĂšre Hippolyte Nous prenions du sable fin ou du terreau, que nous trempions dans l’eau et que nous dressions, aprĂšs l’avoir bien pĂ©tri sur de grandes ardoises en lui donnant la forme de gĂąteaux. Ensuite, il portait tout cela furtivement dans le four et comme il Ă©tait fort taquin dĂ©jĂ , il se rĂ©jouissait de la colĂšre des servantes qui, en venant retirer le pain et les galettes, juraient et jetaient dehors nos Ă©tranges ragoĂ»ts cuits Ă  point. 20Etrange projet en vĂ©ritĂ© que de raconter une histoire de sa vie qui ressemble Ă  celles de tous les autres, ou que de conter aux enfants leurs propres aventures. Etrange projet renforcĂ© par le souci du dĂ©tail tournant lui-mĂȘme souvent au grotesque les inventions de Sophie ou de Gribouille, les facĂ©ties de Cadichon, sont pleines de rusticitĂ©. Si bien que l’intention Ă©difiante, – sauf lorsqu’elle touche Ă  un vĂ©ritable cas de saintetĂ© comme dans Pauvre Blaise –, se trouve couverte par la matĂ©rialitĂ© de l’anecdote. Dans les VeillĂ©es instructives et amusantes de Mme de***, il y a bien des moralitĂ©s Aussi, je puis vous l’assurer, Henri fut guĂ©ri pour toujours de sa gourmandise. On dit que bien longtemps aprĂšs il ne pouvait voir une galette sans penser Ă  sa malheureuse aventure et sans ĂȘtre triste. » Mais le souvenir qui demeure, c’est celui de la petite fille qui a perdu son Ă©trier et qui est menĂ©e Ă  son plus grand trot par un Ăąne entĂȘtĂ© ; c’est toujours dans la mĂȘme histoire, celui du gros Henri qui a dĂ©robĂ© et cachĂ© dans ses poches les provisions du pique-nique Deux ruisseaux s’échappant du pantalon d’Henri laissaient derriĂšre lui deux traces d’eau qui auraient pu le faire suivre Ă  la piste. Mais bientĂŽt, en s’approchant du malheureux enfant, on vit bien autre chose. Son pantalon Ă©tait absolument traversĂ© par une eau rose et Ă©paisse qui lui donnait une fort singuliĂšre physionomie ; puis, en arrivant tout prĂšs du fugitif, on vit que ce pantalon n’était pas seulement mouillĂ©, mais qu’il formait par-derriĂšre une espĂšce de sac, et qu’il Ă©tait rempli d’une bouillie Ă©paisse, qui ressemblait Ă  quelque chose de fort peu propre ; et Ă  mesure qu’Henri fuyait, cette espĂšce de sac, ballot tant Ă  droite et Ă  gauche, donnait au malheureux Henri la plus grotesque figure. 21Et l’auteur de s’attarder complaisamment sur les vĂȘtements tachĂ©s du gros Henri qui, ne s’étant pas contentĂ© de cacher une partie du dĂ©jeuner et en ayant beaucoup mangĂ© pendant la route, sent bientĂŽt venir le mal de cƓur et la colique. On sait que la comtesse n’hĂ©sitera pas Ă  aborder ce type de sujet et que dans Les Vacances on raconte une aventure du MarĂ©chal de SĂ©gur intitulĂ©e Les Revenants », qui doit sa cĂ©lĂ©britĂ© aux douleurs d’entrailles » du personnage. “Comment reconnaĂźtrai-je ma dalle ? dit le marĂ©chal ; je ne puis l’ouvrir maintenant, puisque deux heures sont sonnĂ©es. Si j’avais emportĂ© ma tabatiĂšre ou quelque objet pour le poser dessus.” Pendant qu’il rĂ©flĂ©chissait, il ressentit de cruelles douleurs d’entrailles, rĂ©sultat du saisissement causĂ© par la visite du chevalier. Le marĂ©chal se prit Ă  rire “C’est mon bon ange, dit-il, qui m’envoie le moyen de dĂ©poser un souvenir sur cette dalle prĂ©cieuse.” 22Le marĂ©chal dĂ©couvre qu’il a rĂȘvĂ© son aventure FantĂŽme, trĂ©sor, tout Ă©tait un rĂȘve, exceptĂ© le souvenir qu’il avait cru laisser sur la dalle et que ses draps avaient reçu... » Les VeillĂ©es cultivent ce grotesque qui sera la marque sĂ©gurienne par excellence, reprĂ©sentĂ©e de la maniĂšre la plus efficace par les chutes dans la mare, manifestations d’une vĂ©ritable hantise, mais aussi figures d’une transgression Ă  l’échelle de l’enfant car on ne sort de la mare que tout Ă  fait sali. La troisiĂšme veillĂ©e, Grisette », se termine donc sur la chute d’un garçon brutal avec son Ăąne, chute dans une eau Ă©paisse qui rend l’accident sans gravitĂ© et comique Ce fut alors que les rires redoublĂšrent, et rien ne peut donner l’idĂ©e de la figure Ă©trange qu’avait Paul. Une boue Ă©paisse le couvrait depuis les pieds jusqu’à la tĂȘte ; une eau sale tombait goutte Ă  goutte de ses cheveux, coulait le long de sa figure et y laissait de larges traces noires... » 23Les MĂ©moires d’un Ăąne dĂ©velopperont Ă  l’envi ce qu’on peut appeler une esthĂ©tique naturaliste », en prenant le mot dans son sens restreint, vulgaire pour ainsi dire, et renvoyant au sale ». EsthĂ©tique Ă©tonnante si l’on pense que la littĂ©rature naturaliste est prĂ©sentĂ©e de maniĂšre rĂ©pulsive par les mĂȘmes milieux qui portent » l’Ɠuvre sĂ©gurienne En revenant par la ferme, nous longions un trou ou plutĂŽt un fossĂ© dans lequel venait aboutir le conduit qui recevait les eaux grasses et sales de la cuisine ; on y jetait toutes sortes d’immondices, qui, pourrissant dans l’eau de vaisselle, formaient une boue noire et puante. J’avais laissĂ© passer Pierre et Henri devant ; arrivĂ© prĂšs de ce fossĂ©, je fis un bond vers le bord et une ruade qui lança Auguste au beau milieu de la bourbe. Je restai tranquillement Ă  le voir patauger dans cette boue noire et infecte qui l’aveuglait. 24Quel est donc le modĂšle d’ instruction » dispensĂ© par les VeillĂ©es de Mme de***, et prolongĂ© par la comtesse de SĂ©gur ? Dans La Fuite du jardin », la petite Louise a son espace pour jouer. Elle ratisse, elle arrose ses fleurs. Il en fut ainsi pendant une heure ; puis ensuite, de temps en temps, Louise releva la tĂȘte pour regarder dans la campagne, car, pour, elle, sortir du parc, courir les champs toute seule, c’était lĂ  le vĂ©ritable bonheur. » L’épisode qui va suivre, nous le connaissons pour l’avoir lu dans Les Petites filles modĂšles. Louise s’en va sur la route, espĂ©rant rejoindre une petite fille qui passait ; elle se perd, est recueillie pour la nuit par un cantonnier et sa famille, chez lesquels elle fait l’expĂ©rience de la pauvretĂ©, du pain noir et dur, du matelas de paille. De la mĂȘme maniĂšre, leur rencontre avec le boucher Hurel sera pour Sophie et Marguerite une entrĂ©e dans le monde des humbles. 25 Jamais, depuis ce jour, Louise ne fut dĂ©sobĂ©issante », conclut Mme de ***. Mais dans la veillĂ©e suivante, c’est Henri qui oublie de donner Ă  manger Ă  son lapin, et dans la huitiĂšme veillĂ©e, La Petite maison », les heureux propriĂ©taires d’une jolie petite cabane ont beaucoup de difficultĂ© Ă  vivre en harmonie. Les malheurs » recommencent donc toujours, et l’on n’en a jamais fini de raconter, de revenir sur des bĂȘtises dont le schĂ©ma rĂ©pĂ©titif ne semble pas lasser. La dĂźnette, la promenade Ă  dos d’ñne, les animaux mal soignĂ©s, la cabane, tous ces motifs sont donc dĂ©jĂ  traitĂ©s avant la comtesse, comme ils le seront aprĂšs elle, et d’abord par sa propre fille. Les VeillĂ©es dĂ©veloppent de maniĂšre trĂšs dĂ©taillĂ©e l’installation dans cette cabane, composĂ©e de deux chambres et trĂšs bien Ă©quipĂ©e mobilier, vaisselle en suffisance ; un jardin cultivĂ©. C’est Boucle d’Or dĂ©couvrant la maison des trois ours. Les gestes de la vie quotidienne, faire son lit, laver la vaisselle, blanchir le linge ou tirer de l’eau, deviennent des jeux. 26Motifs de l’enfance heureuse apprenant la vie par le simulacre, le jeu, qui reproduisent Ă  une Ă©chelle rĂ©duite les Ă©vĂ©nements de l’existence adulte. Ce qu’indique, de maniĂšre programmatique, le dĂ©but des Petites filles modĂšles, nous montrant deux accidents, d’abord celui de Mme de Rosbourg dont la voiture verse dans un fossĂ©, puis celui de la petite diligence de Camille et Madeleine. Tous les voyageurs qui Ă©taient dedans se trouvĂšrent culbutĂ©s les uns sur les autres, une glace de la portiĂšre Ă©tait cassĂ©e... » Mais si les voyageurs ont mal Ă  la tĂȘte, comme maman ? » demande Marguerite. 27Aussi, pourrait-on s’étonner d’une postĂ©ritĂ© qui a retenu les Malheurs de Sophie plus que ces VeillĂ©es, plus mĂȘme que les berquinades, lesquelles, aprĂšs un succĂšs si prolongĂ©, ne sont plus guĂšre lues que par les historiens de la littĂ©rature enfantine. Mais chez tous ces auteurs, la table des matiĂšres est Ă©loquente, se rĂ©duisant Ă  une liste de prĂ©noms qui se renouvellent sans cesse, chaque enfant Ă©tant substituable Ă  un autre, et les mĂšres, Mme de Clairvalle, Mme de Praival, Mme de Limerac, ou les pĂšres, M. de RĂ©ville, M. de Clermont, se montrant, dans les VeillĂ©es, d’une inaltĂ©rable Ă©galitĂ© d’humeur excluant en fin de compte l’affectivitĂ©. Chaque veillĂ©e forme un tout, aucune progression psychologique ne mĂšne de l’une Ă  l’autre, et les parents ne conservent qu’un rĂŽle fonctionnel et mĂ©canique, jamais remis en cause. N’étant sujets ni Ă  l’erreur ni Ă  la faiblesse, ils dispensent une Ă©ducation harmonieuse, dont les Ă©lĂ©ments semblent s’additionner, bien qu’elle soit toujours Ă  recommencer. Chaque erreur, chaque bĂȘtise, prĂ©sente une sorte de nĂ©cessitĂ© la dĂ©convenue, la punition, mĂ©ritĂ©es et acceptĂ©es, sont toujours efficaces et conduisent Ă  des rĂ©solutions dĂ©finitives qui ont pour effet de faire sortir du champ de la fiction le personnage devenu inintĂ©ressant. 28Or, tout lecteur saisit vite qu’il n’en va pas ainsi chez la comtesse de SĂ©gur, mĂȘme dans les premiĂšres compositions qui gardent l’apparence d’une suite de saynĂštes non seulement, Sophie est l’unique auteur et victime des Malheurs, mais ceux-ci ne se conçoivent pas sans Mme de RĂ©an, qui n’est pas une mĂšre parmi d’autres et dont on sait par ailleurs qu’elle est condamnĂ©e Ă  mourir. N’a-t-on pas lu Les Petites Filles modĂšles, oĂč Mme Fichini a pris sa place ? La comtesse de SĂ©gur adopte une procĂ©dure vĂ©ritablement balzacienne, rapportĂ©e au caractĂšre minuscule de l’intrigue, en reliant entre elles des anecdotes qui jusqu’alors n’étaient que juxtaposĂ©es dans ce type de littĂ©rature. ProcĂ©dure miniaturisĂ©e, puisqu’elle s’effectue Ă  la taille d’un livre et non d’une Ɠuvre, mĂȘme s’il arrive Ă  plusieurs titres de composer la matiĂšre d’un sous-ensemble. On a pu parler d’un cycle Fleurville », composĂ© des Malheurs de Sophie, des Petites filles modĂšles et des Vacances, cycle prolongĂ© par les MĂ©moires d’un Ăąne et par Les Bons enfants, oĂč rĂ©apparaissent Camille, Madeleine et Sophie, celle-ci prĂ©sentant dans Les Bons enfants le mĂȘme visage espiĂšgle, mais en toute sĂ©rĂ©nitĂ©. Les Bons enfants, qui commencent de façon dĂ©cousue, par une multitude de personnages, vont d’ailleurs se construire au fil des pages, sous la forme d’un DĂ©camĂ©ron des enfants ayant pour sujet l’acte mĂȘme de narrer. Par ailleurs, la fin du livre nous fait dĂ©couvrir Simplicie et Innocent, les futurs hĂ©ros des Deux nigauds, dont est dĂ©jĂ  annoncĂ©e l’aventure parisienne, et qui retrouveront Sophie et Marguerite chez Mme du Roubier. 29Mais la force du texte ne tient pas seulement dans ce qui pourrait n’ĂȘtre qu’un liant ». Construisant des personnages plus achevĂ©s, la comtesse les place dans des situations complexes oĂč le souci Ă©ducatif, toujours prĂ©sent, laisse une place Ă  un registre plus intime. Car cette matiĂšre convenue, banale et triviale, elle la reprend sans cesse pour revenir sur un face-Ă -face de l’enfant et de sa mĂšre, de l’enfant et du monde, qui peut perdre de son caractĂšre lisse et harmonieux. Face-Ă -face que la critique n’a pas toujours bien perçu, voyant dans Sophie une coupable chĂątiĂ©e par un texte qui, cependant, met en cause la mĂšre, Mme de RĂ©an. C’est pourquoi Les Malheurs de Sophie ne sont jamais vraiment terminĂ©s et se trouvent redoublĂ©s, avec François le bossu, qui devait s’appeler La Mauvaise mĂšre, ou avec AprĂšs la pluie le beau temps, qui substitue un mauvais oncle Ă  cette mauvaise mĂšre. La figure mĂȘme de Gribouille en est elle-mĂȘme transformĂ©e, puisque ses bĂȘtises, loin de simplement s’accumuler comme dans la tradition reprise par Stahl, finissent Ă©galement par faire sens. De Sophie Ă  Gribouille, l’inspiration Ă©volue, s’attachant Ă  une figure du peuple, qui n’est plus martyrisĂ©e par une mĂšre mais par la sociĂ©tĂ©. Figure qui dit la vĂ©ritĂ© dans sa simplicitĂ©, et qui de ce fait est condamnĂ©e. Juste mais impuissante, la parole de Gribouille montre jusqu’oĂč le cheminement de l’écrivain conduit Ă  transformer Ă  la fois une matiĂšre anecdotique et un scĂ©nario personnel. Avec Mme Delmis, c’est Ă  une figure dĂ©gradĂ©e de la mĂšre qu’il s’affronte. Femme autoritaire, rĂ©gentant son domaine comme une autre femme au perroquet, la propre mĂšre de la comtesse que nous aurons Ă  Ă©voquer plus loin. 30Au contraire, Les Petites filles modĂšles, titre si suspect et si suspectĂ©, sont bien autre chose qu’une suite d’exemples vertueux. Car les bonnes mĂšres n’enseignent quelque chose que par contraste avec les mauvaises, et, surtout, l’amour qui lie Camille et Madeleine prĂ©sente une intensitĂ© particuliĂšre dĂ©passant le cadre mĂȘme de l’exemple, lequel, pour ĂȘtre efficace, se devrait de rester dans un moyen terme. C’est autour de ce noyau vraiment amoureux que va se constituer une mini-sociĂ©tĂ© initialement composĂ©e de femmes et de filles. Marguerite de Rosbourg, puis Sophie Fichini, d’abord toute chiffonnĂ©e comme l’indique son nom d’emprunt, sont aspirĂ©es par ce modĂšle et ne dĂ©sirent qu’ĂȘtre aimĂ©es et s’aimer de pareille maniĂšre. 31Quand l’une est privĂ©e de plat sucrĂ©, l’autre n’y touche pas, et la compagnie les retrouve Ă©troitement embrassĂ©es, se consolant l’une l’autre. A tel point que Mme de Fleurville organise dans leur chambre une collation improvisĂ©e, oĂč chacune Ă©prouve un bonheur d’autant plus grand qu’il succĂšde Ă  une punition. On pourrait sans doute lire cette scĂšne en y observant quelque soupçon de perversitĂ©. Ce qui fait prĂ©cisĂ©ment la particularitĂ© du texte sĂ©gurien, c’est qu’il autorise aussi cette interprĂ©tation, Ă  condition de bien voir que toute pratique Ă©ducative est menacĂ©e, que tout ce qui prĂ©tend au bien de l’enfant peut naĂźtre de pulsions sans rapport avec l’efficacitĂ© Ă©ducative. Et que le renversement ici effectuĂ© touche Ă  l’image des parents, notamment de la mĂšre. Il ne s’agit pas seulement de montrer des enfants tels qu’ils sont, c’est-Ă -dire turbulents, hardis, vivants et imparfaits Ă  la fois, mais d’évaluer aussi le comportement de cette mĂšre, de ces Ă©ducateurs tout aussi imparfaits par nature. 32Plus profondĂ©ment encore, la simplicitĂ© et la trivialitĂ© des anecdotes vont de pair avec des significations complexes, multiples, voire indĂ©chiffrables. Le modĂšle de la fable se trouve subverti dans des scĂšnes qui ne se contentent pas de condamner un pĂ©chĂ© ou un dĂ©faut. Le chapitre XVIII des Petites filles modĂšles, Le Rouge-gorge », est de ceux qui peuvent nous abandonner le plus Ă  notre perplexitĂ©. Sophie y a trouvĂ© un oiseau jetĂ© hors de son nid par sa mĂšre, situation qui semble appeler le commentaire ne peut-on y voir une allĂ©gorie de la mauvaise mĂšre ? Ce rouge-gorge, offert par Sophie Ă  Madeleine, reçoit les soins si empressĂ©s du quatuor des petites filles qu’il manque d’en mourir pour littĂ©ralement ressusciter il devient insĂ©parable de sa petite maĂźtresse qu’il tourmente mĂȘme de son affection presque agressive. Comme il n’est pas enfermĂ© dans sa cage, il la rĂ©veille de bon matin, si bien qu’elle se fatigue et risque de tomber malade. On lui demande donc de fermer la cage de Mimi, qui se met en fureur, dĂ©vaste l’intĂ©rieur de sa prison » et donne mĂȘme deux grands coups de bec dans la joue de Madeleine quand on le libĂšre. Il fait une ordure » dans la main de la petite fille, est Ă  nouveau enfermĂ© et se sauve quand on rouvre sa porte On ouvrit les fenĂȘtres. Quand Mimi aperçut les arbres et le ciel, il n’y tint pas ; il s’élança joyeux hors de sa cage et vola sur un des sapins les plus Ă©levĂ©s du jardin. Les enfants allĂšrent se promener de leur cĂŽtĂ©, laissant Mimi au bonheur de la libertĂ© et Ă  l’amertume du repentir. 33Mimi ne reparaĂźt pas, toute la maison le cherche jusqu’à ce qu’on retrouve un petit amas de plumes, et Ă  cĂŽtĂ© la tĂȘte. Les petites filles creusent une fosse dans leur petit jardin, y descendent les restes de l’oiseau enveloppĂ©s de chiffons et de rubans, enfermĂ©s dans une petite boĂźte, Ă©lĂšvent un petit temple et lui rĂ©digent une Ă©pitaphe. Tous ces Ă©vĂ©nements, accompagnĂ©s de multiples raisonnements et commentaires, composent une sorte de petit roman dans le roman, concentrant plusieurs motifs traitĂ©s dans d’autres chapitres. Ainsi Sophie Ă©tablit-elle un parallĂšle entre la colĂšre de l’oiseau et la sienne lorsqu’elle fut enfermĂ©e dans le cabinet de pĂ©nitence. Elle espĂšre qu’il se repentira comme elle, mais un peu plus loin, demande Ă  Madeleine Comment veux-tu qu’un pauvre oiseau demande pardon ? » Sans l’intervention d’une instance morale, les petites filles sont donc tentĂ©es de considĂ©rer l’oiseau comme un ĂȘtre humain, tout en prenant conscience de la diffĂ©rence. Camille, qui rĂ©dige l’épitaphe, parle de sa grĂące et de sa gentillesse qui firent le bonheur de sa maĂźtresse, jusqu’au jour oĂč il pĂ©rit victime d’un moment d’humeur ». Victime, et non coupable, Mimi illustre certes les dangers de l’emportement, mais en mĂȘme temps il apparaĂźt comme un prisonnier appelĂ© par les arbres et le ciel. Selon qu’il insiste sur telle ou telle donnĂ©e du rĂ©cit, le lecteur pourra donc construire une interprĂ©tation qui ne rendra pas compte d’un exceptionnel foisonnement de pistes que penser de Madeleine qui dĂ©pĂ©rit d’ĂȘtre trop aimĂ©e par son rouge-gorge ? La situation offre des Ă©bauches de sens qu’une glose excessive risque de rendre caricaturaux. Mimi meurt de s’ĂȘtre enfui, ses restes suscitent des cris de terreur, mais donnent l’occasion d’un jeu particuliĂšrement prisĂ©, jouer Ă  l’enterrement, avec toutes les activitĂ©s qui s’y rapportent, creuser la terre, orner la dĂ©pouille de chiffons, jeter des fleurs, maçonner un petit temple, rĂ©diger un ex-voto... 34Un autre chapitre du livre, Sophie veut exercer la charitĂ© », peut paraĂźtre plus simple, puisque Sophie et Marguerite, sorties du parc comme la petite Louise des VeillĂ©es instructives et amusantes, se perdent et semblent courir de terribles dangers, du moins selon les mĂšres, qui voient des loups et des sangliers lĂ  oĂč les petites filles n’ont entrevu que des frĂŽlements. Certes, une leçon de prudence est ici donnĂ©e, Ă  un jeune lecteur ou une jeune lectrice qui retiendra peut-ĂȘtre davantage le gain d’une amitiĂ©, celle du boucher Hurel, brave homme permettant Ă  Fleurville de s’initier Ă  un autre monde. Ce mĂȘme Hurel dĂ©dramatise l’histoire, s’adressant non sans esprit aux mioches » qui crient au secours Mais oĂč diantre ĂȘtes-vous ? Pour vous sauver, faut-il pas que je vous trouve ? » Il va cueillir » le numĂ©ro 1 » puis le numĂ©ro 2 », et lorsque tout Fleurville, en grand Ă©quipage, vient le remercier, il rit Ah bah ! Tout cela est terrible pour de belles petites demoiselles comme vous ; mais pour des gens comme nous ! on n’y fait seulement pas attention... » 7 Lettres de la comtesse de SĂ©gur, lettre du 14 aoĂ»t 1859. 35Le texte offre la possibilitĂ©, sinon de contredire, du moins de relativiser les angoisses des mamans ainsi que la leçon morale qu’elles prĂ©tendent tirer de cette mĂ©saventure. D’ailleurs, le drame vĂ©ritable, c’est Hurel qui le vivra plus tard en pĂ©rissant bĂȘtement, par un accident imprĂ©vu. Enfin, une lettre de la comtesse vient nuancer plus encore la morale de cette histoire Mme R. est aprĂšs les enfans comme une tique, ne les laissant ni courir ni jouer, parce qu’elles sont trop grandes ; leur dĂ©fendant d’entrer dans le bois de bouleaux, parce qu’elles pourraient se perdre. » Sa fille Olga, annotant cette derniĂšre phrase, Ă©crit Ce qui est aussi difficile que dans un square Ă  Paris. »7 36Cette sagesse dans la vie pourrait ne pas se reporter dans l’Ɠuvre, qui se donne un autre public ; elle nous interdit cependant de trop spĂ©culer sur la peur du monde. D’ailleurs, le chapitre trouve un Ă©trange argument, bien Ă©loignĂ© des VeillĂ©es instructives et amusantes. En effet, si Sophie pousse Marguerite Ă  sortir de l’enclos, c’est sans doute pour Ă©prouver un sentiment de libertĂ©, mais plus encore pour exercer Ă  sa façon la charitĂ©. ImpressionnĂ©e par l’aventure de Françoise et de Lucie, elle a senti le bonheur de faire le bien, mais voudrait l’exercer toute seule pour en tirer tout le mĂ©rite. On lui a parlĂ© de la mĂšre Toutain, qui couche dans un four, sur de la fougĂšre, de l’autre cĂŽtĂ© de la forĂȘt, et c’est le prĂ©texte de cette escapade secrĂšte qu’elle justifie Ă  Marguerite par un souci de discrĂ©tion parce que j’ai entendu dire l’autre jour Ă  ta maman qu’il ne faut pas s’enorgueillir du bien qu’on fait, et qu’il faut se cacher pour ne pas en recevoir des Ă©loges. » 37On voit comment l’auteur complique un motif originellement des plus simplistes, en suggĂ©rant un pittoresque de la misĂšre, – de l’ordre d’un certain rĂ©alisme Ă  la Champfleury –, mais surtout en y entremĂȘlant une question spirituelle, une mise en garde adressĂ©e Ă  l’esprit simple et charitable, qui se complaĂźt dans sa simplicitĂ©. Mise en garde dirigĂ©e vers la comtesse elle-mĂȘme, vers ses lecteurs, vers le critique, qui fait d’un Ă©pisode un texte Ă©toilĂ©, tenant divers propos en mĂȘme temps, sans toujours les mener jusqu’à leur terme, puisque nous ne saurons rien de cette mĂšre Toutain.

ane heros de la comtesse de segur